À la pêche au poisson doré (2): comparer des versions

Soyons honnête: je ne suis pas aussi systématique avec l’étude de tous les nouveaux contes que j’apprends.  Quand on a que deux ou trois versions, on arrive à faire des comparaisons dans sa tête.  Toutefois, lorsque l’on doit en manipuler six ou plus… c’est une autre histoire. Continuer la lecture de « À la pêche au poisson doré (2): comparer des versions »

Kessa Kena Gananina et Jean de l’Ours: même combat?

Qu’est-ce que j’aime quand les histoires nous font ce genre de pirouettes…  J’avais déjà évoqué le phénomène en lien avec le Cheval blanc présent dans plusieurs de mes contes… de diverses manières.  Voilà que les deux héros en apparence assez différents de deux de mes histoires (que je croyais différentes) se confondent.  Dans l’absolu, je conçois bien que tous les héros vivent une quête et affrontent les forces du mal, mais cette fois-ci les parallèles sont quand même un peu plus prononcés..

mandingue_woulli_peuples_senegambie_athus_bertrand220px-JeandelOurs Continuer la lecture de « Kessa Kena Gananina et Jean de l’Ours: même combat? »

À la pêche au poisson doré (1): trouver le conte

Nouvelle série de billets où je veux prendre conscience de la manière dont je m’approprie une histoire pour la conter, de la recherche du récit à la mise en scène en passant par toutes les étapes intermédiaires (mise en contexte, en sens, en images, en canevas, en mémoire, en corps, en gestes, en bouche, en voix).

Prendre conscience de ce processus, soit, mais aussi le rendre public pour l’interroger collectivement.  Je partage comment je fais, mais je veux savoir comment vous faites. Est-ce que j’oublie quelque chose?  Est-ce que j’en fais trop?  Qu’est-ce qui marche pour vous?

pecheur_et_femmeUn prétexte: l’apprentissage de « La femme du pêcheur« , conte traditionnel dont la structure est assez simple.  Vous savez, le pêcheur qui remet un poisson à l’eau et obtient des voeux en échange, mais dont l’épouse veut toujours davantage…  Mais je vais trop vite… Continuer la lecture de « À la pêche au poisson doré (1): trouver le conte »

Un conteur relit _Comme un roman_ de Pennac

comme_un_romanJe l’avais déjà lu dans les années 1990, un peu pour faire comme tout le monde.  C’était alors la mode et je suivais des cours de littérature…  Mais ma douce a eu la bonne idée de me l’offrir pour Noël (après que j’eue laissé traîner un feuillet publicitaire où je l’avais entouré – on a la subtilité qu’on peut…).  Ça se dévore: trois petites heures et ça y était.  Mais j’ai surtout réalisé cette fois-ci à quel point Pennac parlait aux conteurs…  Pas qu’aux professionnels, s’entend, plutôt aux conteurs en chacun de nous.  Mais, de là, il devient facile d’extrapoler.  En fait, Pennac parle de comment naît l’amour des livres chez les jeunes lecteurs.

Son propos général est de faire aimer les livres, soit.  Sauf que l’amour des livres dont il parle passe par l’amour des récits.  J’y vois l’occasion idéale de se mettre dans la peau de notre public. Qu’est-ce qui nous touche, nous conteurs, lorsque nous sommes, à notre tour, auditeurs? …Et de nous mettre à chercher comment toucher ce public pour le voir se multiplier.  Nous avons clairement un rôle à jouer dans la transmission de cet amour des histoires… Continuer la lecture de « Un conteur relit _Comme un roman_ de Pennac »

Les billets non-écrits de 2013

Afin de débuter 2014 du bon pied, j’éprouve le besoin de vider ma mémoire de tous les billets que j’aurais aimé écrire en 2013, mais n’ai pas écrit faute de temps, par pudeur, paresse ou par souci de circonspection. C’est aussi une occasion de bilan par ce qui n’a pas été rendu public jusqu’ici. Ce n’est pas forcément intéressant pour les lecteurs, j’en conviens.  D’un autre côté, c’est peut-être l’occasion de vous manifester: y’a-t-il un ou l’autre de ces billets hypothétiques que vous auriez particulièrement aimé lire?

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Stories We Tell: la cinéaste Sarah Polley pose de bonnes questions

Comme plusieurs, j’ai été profondément touché par Stories We Tell (Les histoires qu’on raconte, 2012) de l’actrice et réalisatrice canadienne Sarah Polley (Away from her, Take This Waltz).  Ce film qui mêle entrevues, films d’archives et reconstitutions est pressenti pour une nomination comme meilleur documentaire aux Oscars.  On peut le télécharger (en payant) à partir du site de l’Office national du film.

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Des jeux pour jouer à conter (3/3)

[Je termine ma série de billets sur les jeux qui font conter pour donner des idées cadeaux.  La série commence ici et se poursuis .  Aujourd’hui, je traite des jeux que je n’ai pas eu la chance d’essayer, mais dont je dispose et que j’ai lu.  Si quelqu’un se porte volontaire pour être cobaye, je suis toujours prêt à remédier à la situation… Je termine enfin par des jeux dont j’ai pris connaissance mais qui ne se sont pas rendus à moi.  Père Noël?]

Jeux jamais essayés, mais en ma possession:

Do : Pilgrims of the Flying Temple (Evil Hat Productions):

Jeu très joli et sympathique de do_couverturebelle production (couverture rigide, quelques illustrations en couleurs et plusieurs magnifiques esquisses noir et blanc).  Le jeu a bénéficié d’une campagne de socio-financement pour voir le jour en 2011. Il se définit comme un jeu de contage collaboratif (Cooperative Storytelling Game) « à propos d’aider les gens et de se mettre dans le pétrin ».

Les pèlerins du Temple volant sont de jeunes moines qui viennent en aide à quiconque les interpellent au moyen de lettres envoyées mystérieusement au Temple.  Les joueurs vont incarner ces moinillons un peu écervelés, mais pleins de bonnes intentions.  Les noms des personnages, composés de deux particules, reflètent cette aptitude à aider… et à se mettre les pieds dans les plats!  Par exemple, le pèlerin Chat Endormi aide les gens grâce à son agilité, mais à tendance au sommeil aux plus mauvais moments.

L’univers de jeu, assez onirique, est un monde aérien composé d’îlots de terres ou planètes entre lesquels les pèlerins volent littéralement au secours des rédacteurs des lettres d’aide.  Outre des myriades d’oiseaux, des baleines volantes et des montgolfières traversent le ciel.  Le petit prince de St-Exupéry est cité comme une source d’inspiration. Continuer la lecture de « Des jeux pour jouer à conter (3/3) »

Des jeux pour jouer à conter (2/3)

[Je poursuis ma série sur les jeux qui permettent de jouer à conter, d’initier au contage ou de développer des habiletés utiles aux conteurs…  Le début du texte est ici.]

Jeux perpendiculaires (pas directement pour conter, quoique…): 

dixit_boiteDixit (Libellud): Maintes fois primé, Dixit n’a peut-être plus besoin de présentation.  Je m’y risque tout de même, ne serait-ce que pour expliquer sa présence dans ma liste…  D’abord, le matériel est superbe.  Les illustrations des cartes par Marie Cardouat sont époustouflantes.  Elles parviennent à restituer un climat que je qualifierais d’«inquiétante naïveté», propice aux contes de fées. L’univers présenté par l’illustratrice est proche de celui des contes, avec une symbolique riche et universelle (soulier, dragon, arbre, etc.). Certainement de puissantes sources d’inspiration pour qui veut écrire ses histoires. Continuer la lecture de « Des jeux pour jouer à conter (2/3) »

Des jeux pour jouer à conter (1/3)

J’aime les contes et j’aime les jeux de société.  Par conséquent, j’ai un intérêt certain pour les jeux où l’on conte. À l’approche de Noël [NDLR: j’ai le droit d’en parler parce que nous sommes en décembre.  Avant, je m’y refuse.], il est toujours intéressant de recevoir quelques idées cadeaux, pour les autres ou pour bonifier sa propre liste.  Charité bien ordonnée…

Je me propose donc de passer en revue divers jeux de contage (jeux de rôles, de création collective, etc.) que j’ai essayé, que j’aimerais essayé sans en avoir eu l’occasion ou que j’aimerais avoir.  Autrement dit, je vous ouvre ma ludothèque présente et… future.

Je crois sincèrement que, si les thèmes abordés par les contes peuvent être graves, si le travail des artistes doit être professionnel, l’activité « conte » doit rester ludique et accessible au plus grand nombre.  Bien sûr, on peut toujours jouer à se raconter des histoires sans support aucun ou seulement avec des cailloux, mais un cadre simple, clair, pas trop contraignant et agréable à regarder peut justement contribuer à intéresser un plus large public à notre art.  Du reste, la plupart de ces jeux peuvent servir aux conteurs pour initier de nouvelles histoires, pour développer sa capacité d’improvisation ou simplement pour garder la main.  Plusieurs de ces jeux peuvent aussi servir de supports visuels à nos histoires (voir à ce sujet l’excellent site de Apple-paille).

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Mélissa Mongiat: les histoires que les lieux racontent

Je ne résiste plus à l’envie de vous présenter une de mes nouvelles idoles, soit Mélissa Mongiat, designer d’environnements narratifs et compagnie.  « [L]e magazine Wallpaper, une autorité dans le domaine, l’a incluse dans son palmarès des 10 designers les plus prometteurs du monde. »  Son nom ne vous dit peut-être rien, mais si je vous parle de l’installation 21 balançoires qu’elle a co-créé pour le Quartier des spectacles de Montréal avec sa collaboratrice Mouna Andraos de l’atelier Daily tous les jours, vous saurez sans doute de quoi il s’agit.  Je l’avais rencontré il y a deux ans lors de la journée Nouveaux territoires narratifs à la Société des arts technologiques. Son travail m’avait fait forte impression.  Voici ce que j’en écrivais alors… Continuer la lecture de « Mélissa Mongiat: les histoires que les lieux racontent »