Et pendant que je ne bloguais pas… (vidéo)

Dans le cadre du projet de recherche « Des avant-textes au spectacle / recueil de contes : étude des processus créateurs de trois conteurs contemporains québécois » (FIR, UQAR), on interroge une conteuse (Marie Lupien-Durocher) et un conteur (Éric Gauthier) d’aujourd’hui pour connaître la manière dont ils choisissent leurs histoires, les apprennent et se les approprient jusqu’à se préparer à les livrer en spectacle.

Chercheure principale: Camille Deslauriers
Assistante de recherche: Marise Belletête
Scénario, production, animation: Jean-Sébastien Dubé
Caméra, réalisation, montage: Patrick Gélinas

©Copyright Université du Québec à Rimouski (UQAR) 2016

Que faut-il conter en 2015? (Réponse à Maxime Plamondon)

Bonjour Maxime,

Même avant que le Regroupement du conte au Québec ne diffuse plus largement ton billet « Pourquoi faut-il conter en 2015? » via sa page Facebook, d’autres conteurs me l’avaient relayé et souhaitaient que j’y réponde.  J’ai néanmoins pris mon temps…

D’une part, difficile lorsqu’on est conteur d’être en désaccord avec plusieurs des points que tu amènes: Oui, il faut conter encore aujourd’hui.  Oui, le conte favorise l’écoute dans une ère de moyens de communications et paradoxalement d’incommunicabilité.  Oui, trop de conteurs pratiquent la nostalgie et le folklorisme… (voir à ce sujet mon billet intitulé « Conter le pays« )  Oui, plusieurs sont technophobes et idéalisent le passé. Oui, le conte stimule l’imaginaire et son accessibilité est l’une de ses forces (voir mon texte « Pourquoi je conte« ).  J’aime beaucoup l’idée que « Le conteur moderne est un conteur engagé et doit proposer des pistes de solution afin contribuer à l’avancement social. »  Pas sûr que ce soit pour tout le monde ou du moins que l’avancement prenne nécessairement une forme militante pour tous…

D’autre part, avant d’ouvrir les hostilités je tiens à te remercier pour ce texte courageux, devant lequel il est difficile de rester indifférent et qui permet aux conteurs de se positionner.  Tu ne m’en voudras pas trop si c’est précisément ce que je veux m’employer à faire dans les prochains paragraphes… Continuer la lecture de « Que faut-il conter en 2015? (Réponse à Maxime Plamondon) »

Jouer dans le sable, version XXIe siècle

Comme d’autres, j’aimais jouer dans le sable quand j’étais petit.  Je m’imaginais des villes, des châteaux, des batailles…  Bref, des histoires!  Voici qu’une récente visite à Lyon m’a permis de découvrir comment un bon vieux bac à sable et un dispositif technique (finalement assez rudimentaire) permettent de jouer avec les grains et la lumière pour réactualiser ce jeu presque atavique.  Fallait y penser!

Au moment de mon passage au Centre Érasme (un living lab sur les usages technologiques), on expérimentait avec un bac à sable avec réalité augmentée où un dispositif – développé au MIT – associe une Kinect 3D  à un projecteur multimédia.  Cela permet de créer des montagnes (avec cimes enneigées), des vallées verdoyantes, des rivières et des lacs tout bleus, juste en jouant avec le relief du sable… On peut même faire pleuvoir en agitant la main au-dessus du paysage.  De quoi se prendre pour Dieu!  Le code du MIT étant libre, Érasme l’a récupéré et cherche à quel usage cela pourrait servir dans les musées ou en formation.

La vidéo aide à mieux comprendre ce qui se produit…

MAJ 08/04/2015: Une amie me suggère cet autre clip où des enfants s’amusent avec le dispositif que l’on aperçoit quelques secondes… Sous les conseils de leur père, ils explorent vraiment les limites du jeu.

À la pêche au poisson doré (3): mes choix… ma version

poisson_dore_story_loversJe crois que c’est ici que se manifeste une bonne part de ma créativité (liberté?) comme conteur.  Elle aura d’autres espaces: interprétation, ordre d’apparition des contes sur scène, etc.  Mais pour moi, développer ma version à partir d’éléments traditionnels et d’autres plus personnels est un réel plaisir et une occasion d’exprimer comment un conte me fait vibrer, ce qu’il touche en moi.  Par ailleurs, j’ai l’impression de participer à un mouvement ancien, où chaque nouvelle génération d’artistes ajoute à un édifice tout en valorisant la trame initiale.

Notons que je me sens cette liberté parce que j’ai fait le travail en amont de consulter plusieurs versions.  Il m’apparaît ainsi que je saisis assez bien la syntaxe du conte pour ne pas la trahir.  Ainsi, dans le cas qui nous intéresse… Continuer la lecture de « À la pêche au poisson doré (3): mes choix… ma version »

À la pêche au poisson doré (2): comparer des versions

Soyons honnête: je ne suis pas aussi systématique avec l’étude de tous les nouveaux contes que j’apprends.  Quand on a que deux ou trois versions, on arrive à faire des comparaisons dans sa tête.  Toutefois, lorsque l’on doit en manipuler six ou plus… c’est une autre histoire. Continuer la lecture de « À la pêche au poisson doré (2): comparer des versions »

À la pêche au poisson doré (1): trouver le conte

Nouvelle série de billets où je veux prendre conscience de la manière dont je m’approprie une histoire pour la conter, de la recherche du récit à la mise en scène en passant par toutes les étapes intermédiaires (mise en contexte, en sens, en images, en canevas, en mémoire, en corps, en gestes, en bouche, en voix).

Prendre conscience de ce processus, soit, mais aussi le rendre public pour l’interroger collectivement.  Je partage comment je fais, mais je veux savoir comment vous faites. Est-ce que j’oublie quelque chose?  Est-ce que j’en fais trop?  Qu’est-ce qui marche pour vous?

pecheur_et_femmeUn prétexte: l’apprentissage de « La femme du pêcheur« , conte traditionnel dont la structure est assez simple.  Vous savez, le pêcheur qui remet un poisson à l’eau et obtient des voeux en échange, mais dont l’épouse veut toujours davantage…  Mais je vais trop vite… Continuer la lecture de « À la pêche au poisson doré (1): trouver le conte »

Des jeux pour jouer à conter (3/3)

[Je termine ma série de billets sur les jeux qui font conter pour donner des idées cadeaux.  La série commence ici et se poursuis .  Aujourd’hui, je traite des jeux que je n’ai pas eu la chance d’essayer, mais dont je dispose et que j’ai lu.  Si quelqu’un se porte volontaire pour être cobaye, je suis toujours prêt à remédier à la situation… Je termine enfin par des jeux dont j’ai pris connaissance mais qui ne se sont pas rendus à moi.  Père Noël?]

Jeux jamais essayés, mais en ma possession:

Do : Pilgrims of the Flying Temple (Evil Hat Productions):

Jeu très joli et sympathique de do_couverturebelle production (couverture rigide, quelques illustrations en couleurs et plusieurs magnifiques esquisses noir et blanc).  Le jeu a bénéficié d’une campagne de socio-financement pour voir le jour en 2011. Il se définit comme un jeu de contage collaboratif (Cooperative Storytelling Game) « à propos d’aider les gens et de se mettre dans le pétrin ».

Les pèlerins du Temple volant sont de jeunes moines qui viennent en aide à quiconque les interpellent au moyen de lettres envoyées mystérieusement au Temple.  Les joueurs vont incarner ces moinillons un peu écervelés, mais pleins de bonnes intentions.  Les noms des personnages, composés de deux particules, reflètent cette aptitude à aider… et à se mettre les pieds dans les plats!  Par exemple, le pèlerin Chat Endormi aide les gens grâce à son agilité, mais à tendance au sommeil aux plus mauvais moments.

L’univers de jeu, assez onirique, est un monde aérien composé d’îlots de terres ou planètes entre lesquels les pèlerins volent littéralement au secours des rédacteurs des lettres d’aide.  Outre des myriades d’oiseaux, des baleines volantes et des montgolfières traversent le ciel.  Le petit prince de St-Exupéry est cité comme une source d’inspiration. Continuer la lecture de « Des jeux pour jouer à conter (3/3) »

Des jeux pour jouer à conter (2/3)

[Je poursuis ma série sur les jeux qui permettent de jouer à conter, d’initier au contage ou de développer des habiletés utiles aux conteurs…  Le début du texte est ici.]

Jeux perpendiculaires (pas directement pour conter, quoique…): 

dixit_boiteDixit (Libellud): Maintes fois primé, Dixit n’a peut-être plus besoin de présentation.  Je m’y risque tout de même, ne serait-ce que pour expliquer sa présence dans ma liste…  D’abord, le matériel est superbe.  Les illustrations des cartes par Marie Cardouat sont époustouflantes.  Elles parviennent à restituer un climat que je qualifierais d’«inquiétante naïveté», propice aux contes de fées. L’univers présenté par l’illustratrice est proche de celui des contes, avec une symbolique riche et universelle (soulier, dragon, arbre, etc.). Certainement de puissantes sources d’inspiration pour qui veut écrire ses histoires. Continuer la lecture de « Des jeux pour jouer à conter (2/3) »

Des jeux pour jouer à conter (1/3)

J’aime les contes et j’aime les jeux de société.  Par conséquent, j’ai un intérêt certain pour les jeux où l’on conte. À l’approche de Noël [NDLR: j’ai le droit d’en parler parce que nous sommes en décembre.  Avant, je m’y refuse.], il est toujours intéressant de recevoir quelques idées cadeaux, pour les autres ou pour bonifier sa propre liste.  Charité bien ordonnée…

Je me propose donc de passer en revue divers jeux de contage (jeux de rôles, de création collective, etc.) que j’ai essayé, que j’aimerais essayé sans en avoir eu l’occasion ou que j’aimerais avoir.  Autrement dit, je vous ouvre ma ludothèque présente et… future.

Je crois sincèrement que, si les thèmes abordés par les contes peuvent être graves, si le travail des artistes doit être professionnel, l’activité « conte » doit rester ludique et accessible au plus grand nombre.  Bien sûr, on peut toujours jouer à se raconter des histoires sans support aucun ou seulement avec des cailloux, mais un cadre simple, clair, pas trop contraignant et agréable à regarder peut justement contribuer à intéresser un plus large public à notre art.  Du reste, la plupart de ces jeux peuvent servir aux conteurs pour initier de nouvelles histoires, pour développer sa capacité d’improvisation ou simplement pour garder la main.  Plusieurs de ces jeux peuvent aussi servir de supports visuels à nos histoires (voir à ce sujet l’excellent site de Apple-paille).

Continuer la lecture de « Des jeux pour jouer à conter (1/3) »

Mélissa Mongiat: les histoires que les lieux racontent

Je ne résiste plus à l’envie de vous présenter une de mes nouvelles idoles, soit Mélissa Mongiat, designer d’environnements narratifs et compagnie.  « [L]e magazine Wallpaper, une autorité dans le domaine, l’a incluse dans son palmarès des 10 designers les plus prometteurs du monde. »  Son nom ne vous dit peut-être rien, mais si je vous parle de l’installation 21 balançoires qu’elle a co-créé pour le Quartier des spectacles de Montréal avec sa collaboratrice Mouna Andraos de l’atelier Daily tous les jours, vous saurez sans doute de quoi il s’agit.  Je l’avais rencontré il y a deux ans lors de la journée Nouveaux territoires narratifs à la Société des arts technologiques. Son travail m’avait fait forte impression.  Voici ce que j’en écrivais alors… Continuer la lecture de « Mélissa Mongiat: les histoires que les lieux racontent »