Les leçons d’un cas de Figures (de proue)

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Crédit photo: Maïa Pons

La 24e édition du Festival Les jours sont contés en Estrie vient de se terminer…  Mais elle avait commencé sur des chapeaux de roue!  Le spectacle d’ouverture du 13 octobre 2016 s’appelait Figures de proue. Il y avait assez longtemps qu’un spectacle de contes ne m’avait pas enthousiasmé à ce point. Continuer la lecture de « Les leçons d’un cas de Figures (de proue) »

Une (dé)marche après l’autre

La parade quotidienne de la Marche des conteurs. Crédit photo: Cécile Fournier

Il y a un mois je complétais la Marche des conteurs dans le Nord-Pas-de-Calais.  Plusieurs m’ont demandé de parler de mon voyage, mais je voulais laisser décanter un peu avant de voir ce que je pourrais en dire d’intelligent…  (Oui, oui, évidemment que c’était fantastique et je me considère choyé d’avoir pu participer à cette expérience.)

 

 

Au moment d’écrire ces lignes, les Semeurs de contes repartent pour une troisième virée, de Rivière-du-loup à Mont-Joli, cette fois-ci.  Je ne peux pas m’empêcher de regarder mes bâtons de marche avec une certaine nostalgie des aventures de l’an dernier…

Il est certain que mes réflexions sont fortement teintées par le fait que j’ai eu le privilège de faire deux marches différentes en moins d’un an: la 2e Grande virée des Semeurs de contes au Québec en septembre 2014 et la 9e Marche des conteurs en France en août 2015.  La proximité de ces deux expériences reliées, mais très différentes l’une de l’autre, colore forcément mon propos… Propos qui sera d’ailleurs articulé autour des axes suivants :

  • Les relations entre conteurs-marcheurs
  • Les relations des conteurs avec le public/ les hébergeurs
  • Les marches en relation avec les territoires
  • Les relations des conteurs avec les lieux où ils content

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Marcher et conter de l’autre bord de l’océan

marche_des_conteursDans trois jours, je quitte pour la 9e Marche des conteurs en France.  Elle se déroule cette année du 3 au 8 août dans le Nord-Pas-de-Calais, une région que je connais peu, voire pas du tout.  Je serai le seul québécois à conter avec des Français bien sûr, mais également un Belge, un Suisse, un Grec, des gens d’origines libanaise, italienne, mauritanienne, vénézuélienne, etc. Continuer la lecture de « Marcher et conter de l’autre bord de l’océan »

Jouer dans le sable, version XXIe siècle

Comme d’autres, j’aimais jouer dans le sable quand j’étais petit.  Je m’imaginais des villes, des châteaux, des batailles…  Bref, des histoires!  Voici qu’une récente visite à Lyon m’a permis de découvrir comment un bon vieux bac à sable et un dispositif technique (finalement assez rudimentaire) permettent de jouer avec les grains et la lumière pour réactualiser ce jeu presque atavique.  Fallait y penser!

Au moment de mon passage au Centre Érasme (un living lab sur les usages technologiques), on expérimentait avec un bac à sable avec réalité augmentée où un dispositif – développé au MIT – associe une Kinect 3D  à un projecteur multimédia.  Cela permet de créer des montagnes (avec cimes enneigées), des vallées verdoyantes, des rivières et des lacs tout bleus, juste en jouant avec le relief du sable… On peut même faire pleuvoir en agitant la main au-dessus du paysage.  De quoi se prendre pour Dieu!  Le code du MIT étant libre, Érasme l’a récupéré et cherche à quel usage cela pourrait servir dans les musées ou en formation.

La vidéo aide à mieux comprendre ce qui se produit…

MAJ 08/04/2015: Une amie me suggère cet autre clip où des enfants s’amusent avec le dispositif que l’on aperçoit quelques secondes… Sous les conseils de leur père, ils explorent vraiment les limites du jeu.

Un conteur relit _Understanding Comics_ de Scott McCloud


understanding_comics_blackJ’ai dû le lire en version originale (Understanding Comics: the Invisible Art, HarperCollins, 1993) autour de 1995 – 1996, parce qu’un ami à qui il est difficile de dire non me l’avait mis entre les mains.  J’avais été impressionné par l’heureux mélange d’érudition et de vulgarisation…  Aussi, le côté auto-référentiel assez ambitieux m’avait scié: un essai en bandes dessinées qui tente de définir la bande dessinée en jouant avec tous ses codes: interstices entre les cases, complexité ou simplicité du trait, ajout de la couleur, etc.art_invisible

Quand je l’ai trouvé en version française (L’art invisible, Delcourt, 2007), j’ai choisi de l’acheter tout de suite, me souvenant combien c’était aussi un fabuleux texte de référence sur la communication en général.  Une surprise à la relecture, tout de même: je n’avais pas réalisé tous les points communs entre les bandes dessinées et les contes.  C’est l’amie Alice qui sera contente…


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Kessa Kena Gananina et Jean de l’Ours: même combat?

Qu’est-ce que j’aime quand les histoires nous font ce genre de pirouettes…  J’avais déjà évoqué le phénomène en lien avec le Cheval blanc présent dans plusieurs de mes contes… de diverses manières.  Voilà que les deux héros en apparence assez différents de deux de mes histoires (que je croyais différentes) se confondent.  Dans l’absolu, je conçois bien que tous les héros vivent une quête et affrontent les forces du mal, mais cette fois-ci les parallèles sont quand même un peu plus prononcés..

mandingue_woulli_peuples_senegambie_athus_bertrand220px-JeandelOurs Continuer la lecture de « Kessa Kena Gananina et Jean de l’Ours: même combat? »

Flying Coach 6: agréments, angoisses et abandon

Jour J moins 3.  L’exercice public arrive à grands pas, ce qui ne va pas sans une certaine montée d’adrénaline et d’émotions.

D’un côté, la satisfaction et l’émerveillement de voir la « sauce prendre »: Le spectacle développe sa cohérence – je dirais sa « vie » – interne.  Ces derniers jours (perlés de plus fréquentes pratiques), de nombreux liens semblent se créer d’eux-mêmes, si bien qu’ils apparaissent comme des évidences dans la logique que nous avons établie avec Mme G.  Le grand plaisir de sentir ma coach complètement avec moi dans le processus, de vivre un réel « accompagnement » avec elle.  Se sentir soutenu, en confiance, c’est essentiel pour le moral.  Pas sûr que je m’y serais rendu tout seul.  Merci.

En parallèle, le réel bonheur de la découverte du livre Vivre jusqu’au bout de Mario Proulx, tiré de la série documentaire radiophonique du même nom. Voilà qui me conforte sur l’à-propos de la thématique que j’aborde.  Ça se lit comme un roman.

De l’autre bord, la déception devant l’absence de certains « observateurs-clés » qui ne pourront être dans le public pour me donner des commentaires comme je l’aurais d’abord souhaité.  La hâte et la terreur à l’idée d’entendre ce que ceux qui seront sur place me diront…

Faut dire qu’il y a beaucoup l’inquiétude de me voir confronté à mes propres contradictions: Devant la mise en mouvement et la mise en espace que nous développons avec Mme G. – et à laquelle j’adhère – « c’tu encore du conte »? J’ai tellement critiqué mes collègues de faire du théâtre conté… à me méfier de tout mouvement.  Il m’aurait fallu y penser avant de choisir de travailler avec une chorégraphe! 😉

Comme je le confiais à Mme G. et à ma fée-marraine, les modèles artistiques auxquels je me réfère depuis que je pratique cet art (Mike Burns, Michel Hindenoch, Michel Faubert, etc.) content leurs histoires assis sur une chaise sans bouger (ou si peu).  Difficile d’en dévier et de choisir une voie qui me soit plus personnelle.

Bien sûr, la clé est dans le choix judicieux des gestes.  Exit ceux qui nuisent ou sont redondants.  Si ceux qui restent me permettent de sortir de la fixité dans laquelle je m’étais enfermée, c’est positif, non?

Entre les deux, il reste un trac sourd et constant.  Celui qui paralyse, obnubile, empêche de dormir et rend grognon.  Trac qui, étrangement, se traduit cette fois-ci par une tension douloureuse à la mâchoire (et dans les épaules).  Suis-je en train de somatiser mon angoisse devant ma prise de parole?  D’autant plus que le grand écueil qu’il me reste à affronter en spectacle, c’est ma voix qui a tendance à monter d’un ou deux octaves quand j’accélère mes narrations ou quand j’arrive dans un noeud d’émotion…

Reste à s’abandonner.  Hier midi, pendant une courte marche de santé, le vent dans mes cheveux m’a ramené à l’ascension d’une montagne dans la première histoire du spectacle…  J’y suis presque.

Et puis, me rappeler et me convaincre que ce show-là n’est pas la fin, que c’est un début de plus.

Flying Coach 5: affiner le regard

À trois semaines de l’exercice public, les invitations sont lancées et le temps est venu de faire le point…

D’abord cette nouvelle façon de nommer cette « représentation-test d’évaluation »:  exercice public.  Ça vient de Mme G. qui a utilisé cette formule dans son propre travail…  Lorsque l’on prépare un exercice public, l’angle d’approche n’est plus le même.  Le travail ne se fait plus en fonction de la date de représentation.  Celle-ci devient une borne sur la route, un moment où recueillir des commentaires pour poursuivre la recherche.  D’un côté, ça peut sembler décourageant : Y’a encore tellement d’aspects à travailler.  On a l’impression qu’on n’y arrivera jamais.  D’un autre, ça dédramatise le tout : ce spectacle-là n’est pas l’aboutissement du processus.  En même temps, l’échéance du rendez-vous prochain avec les spectateurs créée une tension qui fouette et encourage à aller de l’avant.

Les rencontres avec Mme G. se poursuivent et amènent toujours de nouveaux apprentissages.  Dans les dernières semaines, il y a eu notamment une séance de travail sur la thématique du regard qui fût extrêmement féconde.

Le local où l’on travaille habituellement étant occupé, nous avons donc dû nous déplacer vers une salle beaucoup plus vaste.  Ça fait changement et c’était tout désigné pour le travail à faire :  Ça permettait de « voir loin et voir large » comme ils disent dans les cours de conduite.  Mme G. me demandait de me déplacer dans l’espace de repérer un détail, de le décrire, puis de m’en approcher où de m’en éloigner pour en changer la perspective et le décrire à nouveau. Dans les faits, je décrivais en « zoom avant » ou en « zoom out », ce qui m’a semblé très intéressant pour enrichir les descriptions.  Elle m’a fait raconter en marchant sur une ligne du plancher, tout en voyant la scène se déplacer autour de moi.  Cela créait de mon point de vue une impression de « traveling » pour poursuivre l’analogie cinématographique.  Ensuite, j’ai rebroussé chemin pendant la seconde partie du récit où le héros défait ses pas.  Compte tenu de la structure assez linéaire de plusieurs récits traditionnels, j’y ai vu un exercice particulièrement intéressant pour le contage.  Y’a eu aussi cet exercice mémorable où elle me « commandait » divers types de regards (« scruter », « dévorer des yeux », « darder du regard », etc.) et où je devais obtempérer rapidement.  Difficile, mais très riche.  Je vous mets au défi de communiquer par vos seuls yeux la différence entre « accompagner » et « suivre » du regard…

Y’a eu la semaine où, emportés par nos discussions après le travail, on n’est pas sorti de la salle avant minuit trente…  si bien que je me suis couché à 1 h du matin.  Difficile d’expliquer à ma conjointe que le travail sur le conte soit si… prenant!  Heureusement qu’il y avait congé le lendemain.

Y’a eu celle où, ayant reçu une mauvaise nouvelle un peu assommante au bureau, je n’avais pas le cœur à la pratique.  Si bien qu’on s’est assis et qu’on a jasé toute la soirée. On a surtout parlé de conte tout de même (notamment de la position délicate où je me trouve pour critiquer le travail des autres, alors que je suis moi-même en plein processus de création), mais on a aussi réinventé le monde.

J’ai pris l’habitude d’arriver à nos rencontres une heure avant Mme G. pour me réchauffer : des étirements, quelques pas de danse (vive Paul Simon!), un peu de taï chi, des vocalises.  Bref, pour me reconnecter avec mon corps. Parce qu’il est devenu clair que « mieux conter » passe d’abord pour moi par mieux habiter cette « maison de la parole » comme l’appelle Mme G.

À cet égard, il m’apparaît important de mentionner l’apport indéniable de la vidéo à notre travail.  Mme G. me filme racontant.  Maintenant que l’on commence à enchaîner le spectacle, nous visionnons ensemble ce qu’elle a capturé et en discutons. Passé le malaise de se regarder à l’écran, les images du travail sont un révélateur puissant.  Dès le début du processus, j’ai parlé du coaching comme d’un travail en miroir, alors que la coach nous renvoie les points positifs de ce que l’on présente, mais également ce qui est moins flatteur.  Ses commentaires pendant que je pratique sont toujours aidants, mais je suis justement en train de faire et ne peux y accorder toute mon attention.  De même, les commentaires a posteriori se butent souvent à la mémoire qui a déjà oublié ou au fait qu’on n’était pas suffisamment attentif à ce que l’on faisait au moment où ça s’est passé. De voir la même chose que Mme G., assis à ses côtés, me permet de me concentrer sur ses commentaires et facilite ma compréhension de ce qu’il faut améliorer.  Il faut dire que j’ai sous les yeux ce qui fonctionne et ne fonctionne pas, notamment au niveau de la posture et des gestes.  Ce qui est juste ou ne l’est pas crève l’écran.

Ainsi, je dois briser cette immobilité des pieds et des jambes qui me fixe sur scène.  Je veux « habiter » ma gestuelle afin d’éliminer les parasites (par exemple, cette tendance à « hacher » de la main droite ou gauche quand je conte), mais aussi de prendre le temps de dessiner les gestes, de les compléter.  J’aimerais aussi développer une meilleure conscience de mon corps dans l’espace parce que, dans le moment, je ne m’aperçois même pas que je change peu à peu de place en contant.  Par exemple, si je fais un pas vers l’avant pendant une histoire, je ne reviens pas nécessairement en arrière, si bien que je finis par me retrouver dans le public…  De même, j’aimerais conter davantage à partir de mes tripes (moins de la tête), afin de mieux respirer et de baisser ma voix haut-perchée d’un demi-ton.

Tout cela d’ici trois semaines?  D’où la nécessité de voir l’exercice public comme une étape parmi d’autres du work-in-progress

Flying Coach 4: prendre conscience

Vendredi soir dernier, j’ai conté à un spectacle-bénéfice pour Haïti à Mont-St-Hilaire.  Voici quelques notes gribouillées le lendemain matin:

Encore une fois j’y étais… mais pas tout à fait.  J’ai de la difficulté à même me rappeler de comment je me sentais.  Pour moi, c’est déjà signe que je n’y étais pas complètement.  Pas assez présent.

C’est vrai que je suis passé à la fin de la soirée, le huitième conteur.  À ma demande, d’ailleurs.  Je ne me voyais pas conter ça ailleurs dans le show.  Marc-André m’a présenté.  Je me suis levé de ma place et, regardant par terre, je me suis rendu à l’avant.   Je suppose que j’avais les épaules voutées. Pas beaucoup de verticalité dans ma posture…

J’ai salué le public et, toujours en regardant par terre, j’ai tenté de justifier ce que j’allais conter.  Que, compte tenu de l’occasion, j’avais l’impression qu’il fallait que ce soit fait avec bonne humeur, mais aussi le respect.  J’ai fini par les regarder, leur ai souri, ai respiré, puis je me suis mis à conter « L’homme à la fin du monde et l’enfant », un conte qui me boulverse toujours autant.  [Surtout qu’il y avait le cheval blanc qui me trottait dans la tête depuis quelques jours…]

J’ai pris conscience encore une fois d’avoir accéléré vers la fin, d’avoir monté d’un octave et d’avoir senti que je manquais de souffle.  Le temps de m’en apercevoir, le conte se terminait et je n’avais pas eu le temps de me poser, le temps de respirer.  Je réalise maintenant que je respirais de la poitrine plutôt que du ventre.  J’étais un peu dans ma tête, mais surtout j’étais dépassé par l’émotion.

Ce n’était probablement pas trop désagréable à écouter, mais c’était désagréable pour moi de ne pas avoir pris le temps de savourer la fin de mon histoire.  Pas ma pire fois… Certainement pas ma meilleure.

Je pense que j’entre dans la phase où « tout ce que je faisais est assez déconstruit pour que je ne le fasse plus naturellement »…  J’ai perdu certains repères, mais je n’ai pas encore eût le temps de m’en bâtir de nouveaux.  Je suis « self-conscious ». Intimidé.  Il me semble être balourd, maladroit.  Mes gestes et ma tenue ne semblent pas naturels.  J’imagine que ça fait partie du processus pour s’améliorer, mais c’est pas évident à traverser…

Flying Coach 0: De la mystérieuse Mme G.

Retour en arrière: Je m’aperçois que je ne vous ai toujours pas présenté ma coach, Mme G.

[Y’a pas de raison particulière à son anonymat autrement que le fait qu’il y a comme une tradition dans les blogues d’avoir des personnages qu’on ne nomme pas…  J’aime bien qu’il y ait un mystère autour d’elle.  Comme si elle était mon arme secrète.  En tant et lieu, quand le processus sera complété, je pourrai témoigner publiquement de tout ce qu’elle m’aura apporté.]

J’ai pas fait de recherches de midi à quatorze heure.  Je connaissais son conjoint pour avoir déjà travailler avec lui il y a des années.  Je savais qu’elle offrait ce genre d’accompagnement.  On s’est rencontré pour du travail « pratique » une fois avant les Fêtes (avant mon spectacle à Québec), puis une autre fois pour planifier le travail de cet hiver.  Ça a cliqué et on se l’est dit. Le fit est bon.

Je ne sais pas s’il y a un art pour se choisir un coach, quelqu’un qui ait un regard externe sur le travail artistique que l’on fait.  Pour moi, il fallait que la personne sache entendre là où je voulais aller, mais soit à l’aise d’être proactive et de m’offrir des pistes que je n’aurais pas pensé explorer.

Je voulais aussi qu’elle ne vienne pas du milieu du conte.  Mme G. est chorégraphe de formation.  Je ne sais pas trop pourquoi, mais je vois beaucoup d’affinités entre conte et danse, bien que l’un soit art de parole et l’autre art du corps…  C’est sûr que le conte passe par le corps du conteur.  …Et je suppose que le corps qui danse raconte pas mal d’affaires.

Mme G. a aussi été directrice artistique, performeuse, enseignante.  Si j’ai envie de jaser théorie, elle sera une bonne interlocutrice.  Comme on dit,
«  elle peut m’accoter n’importe quand »…

C’est pourtant dans le non-dit que j’ai envie de travailler avec elle.  Les silences, la respiration, la posture, le rapport indicible avec le public, le niveau d’énergie à maintenir.  Les couleurs que je veux donner à mes histoires, à ma façon de conter, que ce soit triste ou gai.  Mme G. parle de vibrations.  Comme dans « vibrer (soi-même) et faire vibrer » (le public).  Rien de très ésotérique au fond.  Ici aussi, je la sens plus que compétente.

Ce qui m’a mis vraiment en confiance cependant, c’est l’acuité de son sens de l’observation.  Même devant un art qu’elle ne connaît que très peu, elle a su capter rapidement (mieux que moi même) le sous-texte qui traverse le spectacle que j’ai envie de donner.  Alors que tous mes contes tournent autour de l’idée de la mort et du passage vers divers Au-delàs, elle y a vu une volonté de parler de la beauté des choses et du monde (bien terrestre) qui nous entoure…

Que ça sera Bon de travailler sur le Beau!