Comment se forme-t-on chez vous?

Comme le babillard de nouvelles du Regroupement du conte au Québec (RCQ) le mentionne, le prochain colloque se tiendra à Sherbrooke du 12 au 14 novembre prochain et portera sur la formation des conteurs.  Le RCQ m’a demandé de lancer les discussions du samedi par un portrait actuel de la formation en conte au Québec. Vaste programme!

Depuis, la rédaction de mon chapitre dans L’art du conte de dix leçons (Planète Rebelle, 2007), je dois avouer que j’ai un peu perdu de vue ce qui se faisait ailleurs que dans ma cour. Si je connais bien la situation en Estrie et que mes contacts me permettent d’avoir une petite idée (incomplète) de ce qui se fait à Montréal, c’est moins le cas dans les autres régions du Québec.  J’ai donc sollicité différents conteurs et organisateurs pour savoir ce qui se déroulait dans leur région.  Voici les questions que je leur ai posées par courriel:

  • À votre connaissance, depuis 2005, quelles formations relatives au conte ou touchant les conteurs ont été organisées dans votre région? Si aucune formation n’a été organisée dans les cinq dernières années, pourquoi est-ce ainsi? (manque d’intérët, de participants, de fonds, etc.)
  • Si des formations ont effectivement été organisées, veuillez préciser, dans la mesure du possible… Sur quelles thématiques et de quels niveaux? Initiation? Approfondissement d’un aspect ou l’autre de la pratique? Méta-information (subenvtions, marketing, etc.)?
  • Quelles formules étaient privilégiées? (1 journée? 2 jours? 3 jours? Plus? Moins? Week-end? Semaine? Été? Mentorat?)
  • Qui étaient le ou les formateurs? D’où provenaient-ils? S’agissait-il de conteurs ou d’autres professionnels? Dans quels domaines?
  • Combien de participants?
  • Dans quelles conditions furent-elles offertes (locaux, coûts, soutien d’organismes publics ou autres)?
  • Quels sont le ou les organismes qui organisent des formations relatives au conte ou touchant les conteurs dans votre région?
  • Prévoyez-vous que de nouvelles formations seront organisées dans les prochaines cinq années?
    • a. Sinon, pourquoi?
    • b. Si oui…
      • a) Autour de quelles thématiques? De quels niveaux?
      • b) Envisagez-vous des difficultés pour cette organisation? (fonds? recrutement de formateurs, formatrices qualifiés? participation?)
  • Quel serait votre formation idéale? (thématique, formateur-formatrice, conditions idéales (durée, lieu, niveau, nombre de participation, etc.))
  • Tout autre commentaire ou réflexion sur cette question que vous souhaitiez partager (surtout si vous ne croyez pas être des nôtres en novembre)

Selon vous, ai-je oublié des choses? Me manque-t-il des renseignements pour bâtir ce portrait?  Vous sentiriez-vous à l’aise de répondre à ces questions pour votre région?  Tout commentaire qui fera avancer ma préparation à cette présentation sera bienvenue.

Festivalier comblé

N’ayant ni à conter, ni même à être bénévole cette année, j’ai complètement profité du Festival Les jours sont contés en Estrie pour être le meilleur spectateur possible.  Je me suis généralement (ahem!) couché tôt, suis allé voir plusieurs spectacles mais pas tous (ah, les choix difficiles) et j’ai appris en observant.  Il faut dire que le fait d’être moi-même en processus de création aiguise le regard…

De Michèle Nguyen, je retiendrai la grâce, l’intensité qui fait vibrer toute l’assistance, les silences justes, porteurs, une écriture magnifique, brillante. Je la voyais pour la troisième fois et il me semble qu’elle a encore « grandi » dans l’efficacité de sa présence, la force de son contact avec le public.  Je retiendrai aussi la question d’un ami néophyte au conte: « Est-ce que ce n’était pas du théâtre? » Avec une marionnette (qu’elle manipule merveilleusement), quelques accessoires, une trame sonore, je pense que la question mérite d’être posée.  Conte ou théâtre, j’ai bien hâte de la revoir et de la réentendre.

De Jean-Claude Botton, je conserverai sa finesse à raconter tant aux adultes qu’aux enfants.  Son habileté à « mettre le public dans sa poche » par de très courts récits pour accrocher, établir le contact.  Les ritournelles, les jeux de mots et répétitions. Et puis la force des images qu’il se créé et qu’il nous donne à voir.  À un moment, il avait vraiment une lune dans l’oeil.

D’une conversation privilégiée avec Jihad Darwiche, j’ai bien compris que l’on peut toujours retravailler une histoire, la polir davantage et en retirer les entraves afin qu’elle « passe » mieux.   Retravailler un conte toute sa vie et même quand on est convaincu que la version collectée est sacrée. « Nous sommes des passeurs, il faut que nos histoires passent… » et « Si tu nourris souvent tes histoires, elles continueront à te nourrir ».  Et comme j’ai aimé réentendre les différentes versions des « Babouches d’Abou Kacem ».  Vive les contes gigognes des Mille et une nuits avec leurs emboîtements qui rendent intelligents!

De Naomi Steinberg, je retiendrai la voix grave, hypnotisante, enveloppante, qui m’a bercé par des histoires pleine de brume vancouveroise, dont une version coréenne magnifique de « L’oiseau de toutes les couleurs » et une « Fille curieuse » en visite chez une Baba Yaga nordique.

De Jean-Claude Bray, je constate l’importance de se connaître et de conter ce qui nous colle à la peau.  Comment ce petit homme à la voix nasillarde et à l’air (mais seulement l’air) absent parvient-il à choisir des histoires qui lui vont aussi bien et à dégager un tel charisme?  Il y a là un mystère et une ruse qui me mystifient.

D’Agnès Chavanon, je garde la construction de son spectacle sur les loups où elle mêle histoires traditionnelles, anecdotes imaginaires et véridiques, de même que récits contemporains qui rejoignent tous la même thématique.  J’ai bien aimé ce mélange de narrations autour d’un même thème.  C’est ce que j’ai essayé de faire dans mon spectacle sur les au-delàs, mais j’aurais aimé aller encore plus loin.

De Serge Valentin, je me souviendrai longtemps d’une conversation à bâtons rompus où nous avons chacun défendu nos positions et découverts des points d’accord.  Je retiendrai son besoin d’être « farouchement libre » qui l’amène à se former en autodidacte et à se méfier des écoles artistiques.  Après cet échange, aux petites heures du matin, j’ai écris pendant une demie-heure.  Un texte sur la formation des conteurs a commencé à prendre forme.

Un beau festival, une édition que je vais chérir pour longtemps.

Tenir conte… depuis un an

Mercredi dernier, 29 septembre, j’ai manqué la date anniversaire de ce blogue.  Je préparais le spectacle que j’ai donné au Musée des religions du monde de Nicolet le vendredi 1er octobre (et qui s’est bien passé, merci).  Tout à ma pratique, j’ai oublié qu’il y avait déjà un an que je sévissais à cette adresse Web.

C’est que les choses vont trop vite.  Un an et une cinquantaine de billets plus tard, le conte prend plus que jamais de la place dans ma vie déjà pourtant pas mal occupée par un autre travail et une famille…  J’ai la chance d’avoir monté un spectacle qui intéresse et qui est supporté par une bourse au niveau municipal, je suis plus intéressé et curieux que jamais de la littérature orale sous ses différentes formes.  Et les choses s’accélèrent: la 18e édition du Festival Les jours sont contés en Estrie la semaine prochaine, une formation avec Marc Aubaret du Centre Méditerranéen de Littérature Orale à la fin octobre sur l’histoire de cette littérature, le colloque du Regroupement du conte au Québec en novembre, d’autres spectacles en novembre (Drummondville en solo, St-Hyacinthe en duo) et décembre (Sherbrooke en solo, North Hatley en collectif)…  L’univers du conte vibre autour de moi et me fait vibrer alors que j’ai vraiment l’impression de faire partie de ce tout, à ma petite échelle.  De quoi écrire encore quelques billets…

Et pour cela je vous remercie chaleureusement, lecteurs de ce carnet, proches ou lointains.  Vous contribuez par vos clics et vos commentaires à faire que mes réflexions en ligne ne soient pas qu’une plongée solitaire dans le flou d’un miroir, mais qu’elles aient des échos, peut-être l’amorce de contacts, voire d’une communauté.

Parce que vous donnez encore davantage de sens à cette aventure.