Une génération de géants ? De l’impact du conte télévisuel

Le conteur et père de famille formé à l’études des médias que je suis (téléphage de surcroît) n’a pas manqué de s’apercevoir qu’on lançait en grande pompe, au mois d’avril dernier, une nouvelle série télé destinée aux enfants d’âge préscolaire: 1, 2, 3… Géant, souvent décrite comme un conte télévisuel. Du reste, il était difficile de ne pas le savoir, avec trois ministres (Éducation, Culture, Famille) qui s’étaient déplacées pour l’occasion et toute la presse média et télé qui en parlait alors.  Tout le monde voulait s’associer au projet.

Les attentes sont… gigantesques.  Il faut dire que derrière l’émission on retrouve certains des concepteurs de plusieurs succès de la télévision jeunesse québécoise : Pin-pon, Cornemuse, Toc-toc-toc et, bien sûr, Passe-Partout.  Notamment Mme Carmen Bourassa, co-conceptrice et co-productrice, que j’ai eu la chance de rencontrer (mais j’y reviendrai). Continuer la lecture de « Une génération de géants ? De l’impact du conte télévisuel »

Dessert amer

[NLR : Dans le cadre d’une récente formation avec Bernadète Bidaude, cette dernière nous a proposé de pasticher une recette pour exprimer un sentiment ou dénoncer quelque chose.  Le jeu étant trop tentant, je m’y suis laissé prendre.  Alors que mes collègues y sont allé de Bouillon de colère, Caresses de soleil, Gigot de nostalgie, Tsunamitsu de la peur et autres Gâteau Blockbuster (façon Hollywood),  j’ai choisi de me défouler d’une frustration latente en concoctant un dessert dont je préférerais pourtant que l’on se passe collectivement.  À noter avant qu’on ne me jette des pierres : Il m’est sans doute arrivé de le cuisiner à l’occasion, mais je tente désormais de l’exclure de mon régime…] Continuer la lecture de « Dessert amer »

Brèches pour une continuité (stages avec Bernadète Bidaude)

Le week-end dernier, j’ai vécu mon second stage avec la conteuse française Bernadète Bidaude (« Construire un récit à partir de son propre bagage » les 30 septembre, 1er et 2 octobre 2011).  Comme il s’agissait à peu de choses près du même atelier que la première fois (« Chantier d’histoires » du 1er au 3 mai 2009), je présenterai conjointement ce que j’ai appris à ces deux occasions.

À la décharge des organisateurs qui avait prévu ce deuxième atelier comme une suite du premier (qui n’était cependant pas pré-requis), j’étais le seul participant à m’être réinscrit.  Ajoutons à cela le fait que cette fois-ci plusieurs participants n’étaient pas des conteurs.  Difficile de véritablement pousser plus loin…

Cela écrit, c’est une expérience assez curieuse mais pas déplaisante que cette répétition.  À faire essentiellement les mêmes exercices avec des participants différents, à aller collecter des idées d’histoires aux mêmes endroits sous une pluvieuse grisaille automnale (2011) plutôt que sous un soleil printanier (2009), on est forcément amener à comparer.  En même temps, il y a là-dedans à trouver comment conserver un regard neuf, un peu comme de raconter la même histoire à des publics différents, ou encore aux mêmes personnes, mais dans des occasions différentes.  J’ai certainement bénéficié d’un rafraîchissement quant à la conception du conte de notre formatrice.  Cela me permettra, je l’espère, de vous en faire part avec plus de justesse. Continuer la lecture de « Brèches pour une continuité (stages avec Bernadète Bidaude) »

Le miroir d’Alice ou l’écho d’un blogue

Elle s’appelle Alice.  Elle est conteuse française (québécoise de coeur) et, sur mon chemin de conte, elle m’a plus d’une fois donné des coups de pouce… Ou tendu des miroirs plutôt.  M’a aidé à réfléchir.

La première fois qu’elle m’a tendu le miroir, c’était dans un atelier donné par Didier Kowarsky.  Pour un exercice, j’avais improvisé une histoire à partir d’idées d’un ami à moi…  Elle m’avait dit : « Continue à la raconter cette histoire-là.  Elle est ronde. »   Je n’ai jamais vraiment compris ce qu’elle avait alors voulu dire, mais je la raconte encore.  Lors d’un apéro-conte, elle me l’a redemandé.  Ma première fois au défunt Sergent recruteur, en ouverture de soirée, c’était avec cette histoire-là. Continuer la lecture de « Le miroir d’Alice ou l’écho d’un blogue »

Époustouflé par Slampapi

J’ai déjà évoqué ici ma fascination et mes réserves face au slam.  Mardi le 20 septembre dernier, à l’invitation du slamestre Frank Poule, je me suis rendu à la galerie Art Focus pour y entendre le fondateur du mouvement slam, Marc Kelly Smith, slampapi en personne. Un gamin de 61 ans avec une extinction de voix…  Je me disais que si quelqu’un pouvait m’aider à comprendre ce qui m’allumait et me questionnait en même temps dans cette forme d’art, c’était bien celui qui l’avait mise au monde.  Par ailleurs, je cherchais toujours à identifier des éléments qui « fonctionnent » dans le slam et qui pourraient être transposés au conte…

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Filer d’août

Par derrière chez mon père, il y a un pommier d’août
Les feuilles en sont vertes et le fruit en est doux… 

Par ces vers d’une version du « Grain de mil », je veux me rappeler le mois d’août 2011 plein de soleil, de rires d’enfants dans la piscine, d’expériences BBQ, de musiques et bien sûr d’histoires… J’ai donc surtout pris le temps de vivre parce que parfois c’est en engrangeant des sensations et des expériences que l’on nourrit nos contes. J’ai peu blogué, même si les occasions de le faire n’ont pas manqué. Pour mémoire, je tenais à en garder trace. Petite chronique d’un mois faste qui a filé trop vite :

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Arriver à ses fins (meubler et conclure un récit)

Sur Facebook, à propos du dernier film de la série Harry Potter, j’ai écrit la semaine dernière :

Ce n’est pas toutes les finales qui donnent ce sentiment de « complétude ». Là, ça marche. Tous les principaux personnages font un dernier tour de piste, ce qui permet de dire au revoir. Pas mal tout se règle. Il y a des moments touchants. […] Malgré la somme d’histoire à raconter et les scènes d’action, on arrive quand même à trouver des respirations, des scènes plus intenses (ex: discussion avec un fantôme)… Continuer la lecture de « Arriver à ses fins (meubler et conclure un récit) »

Du dur défi de re-définir indéfiniment

Un mot en réponse à certaines réactions d’inconfort face à cette­ « manie » que j’ai (avec d’autres) de toujours chercher à définir et à mieux cerner les contours de notre art.  On me reprochera qu’en tentant de déterminer « ce qui en est », j’exclus d’office le reste… qui n’aurait plus droit de citer. Or, pour moi, affirmer que certaines manifestations artistiques correspondent moins à ma définition du conte (comme pratique, pas comme genre littéraire), ne signifie certainement pas qu’elles n’ont pas leur place dans toutes sortes d’amalgames et d’expériences de métissage qui peuvent enrichir tous les arts.   Continuer la lecture de « Du dur défi de re-définir indéfiniment »

Conter le Pays

Une version condensée de ce billet a été publiée dans la section « Prise de parole » du site des éditions Planète Rebelle.

La récente fête nationale qui s’est tenue sous le thème « Entrez dans la légende » m’a troublé à divers égards.  À priori, je crois évidemment qu’il faut nous réapproprier notre patrimoine oral.  Pour moi, c’est notre assise, nos racines.  J’en ai souvent parlé sur ce blogue.  Jusqu’à récemment, je trouvais que les conteurs et observateurs du milieu qui s’inquiétaient de la calcification, voire de la muséification du conte s’en faisaient pour rien.  Je n’en suis plus aussi sûr… Continuer la lecture de « Conter le Pays »

Marcher de l’autre côté des lignes imaginaires

En rédigeant mon dernier billet sur l’écriture de nouveaux contes, j’avoue que j’avais espoir qu’un certain nombre de conteurs qui pratiquent le conte de création – dont Nicolas Rochette – y répondent.  Or, voilà que Nicolas publie sur la page Facebook de Planète Rebelle un manifeste (!?) passionnant intitulé « Oser voir les frontières ».  Ce n’était probablement pas son intention, mais je veux y voir une réponse même si Nicolas se situe clairement au-delà du (vieux) débat que je voulais réinvestir.

Bien que de savoir repérer lesdites frontières soit un a priori (il s’agit pour Nicolas de « l’utilisation systématique de l’espace scénique, de l’instauration d’une valeur marchande de nos performances et de la linéarité du fil narratif du conteur qui DOIT être limpide » [mes emphases]), le sieur Rochette démontre bien qu’il est prêt à les transcender au nom de l’exploration et du développement de notre art.  Il invite les conteurs à le suivre.

Je prendrai certainement le temps de réagir à ce texte important.  Pour le moment, je voulais surtout signaler son existence.

Le seul défaut, c’est que ce n’est pour le moment accessible qu’à ceux qui ont un compte Facebook…