Fred et moi

Je n’avais pas particulièrement hâte d’écrire ce billet, même si je supposais bien qu’il me faudrait y arriver.  Croyez-le ou non, j’ai beau me poser des tas de questions, avoir des opinions souvent tranchées, prendre position (parfois avec véhémence), je n’aime pas particulièrement la controverse.  Je redoutais d’avoir à toucher à ce point sensible.  Autant l’aborder de front.

Ça a commencé lorsque j’ai reçu en cadeau de fête Silence, l’album de chansons « folk » de Fred Pellerin. Malaise. Un très beau cadeau, mais un disque que je m’étais dit que je n’achèterais pas.  À cause du « phénomène » Fred Pellerin…  Disons surtout, à cause de comment je me situe par rapport à ce phénomène.  Notez bien, pas la personne, mais le phénomène qui l’entoure.

Puis j’ai eu à parler du conte dernièrement à des gens qui le connaissaient peu.  Il m’a fallu rappeler que Fred Pellerin était parfois « l’arbre qui cache la forêt » selon le mot de ma fée-marraine.

Veut veut pas, conter au Québec en 2009 signifie travailler dans l’ombre de Fred Pellerin… ou du moins exercer son art en relation avec l’immense projection fantomatique de lui que les médias diffusent sur le mur public. Dans L’art du conte en dix leçons (2007), Michel Faubert résume bien le problème :

« Mais pour ce qui est du conte, j’avoue que je me sens un peu perdu. D’autant qu’il y a le succès de Fred (Pellerin) qui a quelque chose de particulier à cause de l’importante médiatisation; il est devenu LE conteur connu du Québécois moyen.  Et quand on dit qu’on fait du conte, on se fait demander si l’on fait comme Fred. Alors on doit se prononcer; il y a quelque chose de délicat, même pour lui sans doute… »

Dans le milieu du conte, il ne laisse personne indifférent. Certains l’encensent ou le défendent, d’autres le pourfendent.  Je l’ai entendu être accusé de plagiat, de facilité dans l’humour, de ne pas être un conteur, etc.

Jalousie?  Je ne sais pas pour les autres, mais pour moi oui, certainement.  Parce que Fred Pellerin c’est aussi et beaucoup le miroir déformant tendu aux conteurs, la possibilité que nos rêves de toucher le public à large échelle puissent se réaliser… quitte à y perdre un peu d’âme.  Nous avons notre succes story, notre conte de fées à nous (Et c’est qu’on a tendance à croire à ces choses-là, nous autres!). Quel autre conteur a des problèmes de vedettariat? On n’a peut être pas tous envie de conter dans d’immenses salles et d’être booké jusqu’en 2015,  mais qui, honnêtement, cracherait sur de tels moyens de communiquer ses idées?  De transcender les genres? De vivre de son art?

La première fois que j’ai entendu Fred Pellerin, c’était à un spectacle bénéfice pour les Productions Littorale qui s’était donné à la Sala Rossa à Montréal.  En 2003 je crois, pas longtemps après la sortie d’Il faut prendre le taureau par les contes.  J’avais entendu son nom et sa réputation déjà le précédait, mais je n’avais pas d’a priori.  Je me souviens qu’alors il m’avait retourné comme une crêpe.  En l’espace de dix minutes, il m’avait fait rire aux larmes et il m’avait touché au point de me faire pleurer (en parlant de la boîte à silence de sa grand-mère).  Je me souviens d’avoir été sidéré qu’un artiste soit capable de me tordre ainsi l’intérieur…

Je l’ai revu quelques fois à Sherbrooke, Théâtre Léonard-St-Laurent (300 places), au Granada (500 places), à la salle Maurice O’Bready (1726 places) avant un spectacle de Mes Aïeux. Une bonne constance, mais peu de renouvellement.  Reste que j’étais assez séduit et que « ça passait » malgré la distance qui augmentait…

Il y a aussi eu ses « Chroniques de village » à Indicatif Présent, l’émission de Marie-France Bazzo, sur les ondes de la Première chaîne et j’ai compris que, pour les médias de la métropole, Fred Pellerin n’était plus vraiment un conteur.  Il était devenu l’archétype du jeune amoureux de sa région, au point qu’il ne s’expatrie pas à Montréal comme les autres artistes « normaux » le font… Les gens des médias font ça : ils créent des vedettes, ils aplatissent la réalité à quelques figures de proue, quelques représentants/ représentations qui « passent bien ».  S’intéresser à la complexité des choses, c’est moins rentable.  Et ça, je ne peux en tenir rigueur à Fred Pellerin.

Puis,  j’ai assisté à l’une des premières représentations de Comme une odeur de muscles au Vieux clocher de Magog.  Bon, le show n’était peut-être pas rodé et peut-être que c’était juste un moins bon soir… Peut-être que j’étais trop fatigué ou pas de bonne humeur, mais toujours est-il que je n’ai vraiment pas aimé ça.  Je ne retrouvais plus les histoires dans les jeux de mots et les gags. Et évidemment, le reste de la salle en redemandait : J’étais pris avec les ovations debout, les vivas, alors que moi je rongeais mon frein… À la fin du spectacle, il a chanté « Moi je raconte des histoires » de Paul Piché. C’était très beau et, bien sûr, les paroles lui allaient comme un gant, mais ça m’a dérangé que ça ne soit pas de la chanson traditionnelle. (Je ne sais pas pourquoi.  Que je sache, il n’est écrit nulle part que les conteurs ne doivent chanter que du trad…) Là, j’ai senti que la cote d’amour de cet artiste là (je ne savais déjà plus si je devais parler de « conteur ») était telle qu’il pourrait faire n’importe quoi et que les gens suivraient.  Ça m’a beaucoup troublé.  C’est ce que j’appelle le phénomène.

Pour moi, dans son créneau (le sien justement, quelque chose d’autre que le conte ou l’humour), il demeure un génie. Et c’est un mot que je refuse d’employer à la légère. Son aisance à jouer avec les mots est stupéfiante. Son charisme, au-delà du simple talent.  Sa sensibilité et son authenticité troublent en cette époque de faux-semblants. Je l’ai entendu être comparé à Sol, Yvon Deschamps, Raymond Devos.  Devos, je ne sais pas… Mais pour ce qui est des deux autres, il y a des parentés, c’est sûr.  Le retour à un temps où faire de l’humour ne signifiait pas tout à fait la même chose qu’aujourd’hui… (J’en reparlerai bientôt.)

La principale chose que je lui reproche au fond (à la personne, pas au phénomène), c’est de ne pas assez témoigner publiquement de la filiation de ce qu’il fait avec la grande tradition du conte, puisqu’il persiste et signe à se dire « conteux ».  Je suis déçu qu’il ne choisisse pas d’aller à contre-courant médiatique en répondant à une question de Marie-France Bazzo, de Guy A. Lepage, en disant haut et fort : « Vous savez, y’a pas que moi qui conte. Ils sont plus de deux cents qui s’y essaient au Québec, d’une manière ou d’une autre. Y’en a probablement dans vos régions aussi.  Y’en a qui faisaient ça avant je sois une idée dans la cervelle de mes parents. Allez les écouter… » ou « Ça fait plus de deux mille ans qu’on se raconte des histoires.  Les miennes sont pas mal, mais y’en a d’autres, vous savez. »  Est-ce à lui de faire ça?  Est-ce que les médias voudraient seulement entendre ce discours-là?

Pour moi, il aurait pu être une locomotive qui aurait servi à donner de la visibilité à tout le milieu, à une forme d’art qui se cherche… Au fond, il aurait pu faire pour le conte ce qu’il a choisi de faire pour St-Élie-de-Caxton : dynamiser une richesse méconnue, la mettre sur la mappe. Quelqu’un qui le connaît, et à qui je faisais ce commentaire, m’a déjà dit qu’il était « au-delà de tout ça ».  C’était avant le film, avant Tout le monde en parle, avant les disques de chansons et le DVD…  Imaginez aujourd’hui.

À ce jour, je n’ai toujours pas acheté Comme une odeur de muscles, ni sur livre-CD ni sur DVD.  Pas plus que L’arracheuse de temps (le livre troué). Je ne suis pas retourné voir de spectacles de Fred. J’ai payé trop cher pour le sympathique Bois du thé fort, tu vas pisser drette, offert en cadeau à mon père. Je me suis procuré Fred et Nicolas Pellerin, un disque de musique traditionnelle que j’adore au demeurant. Je suis allé voir Babine. Seul. Presque gêné. Mais c’était surtout pour voir si le conte se transposait bien au cinéma (Je n’en suis pas encore convaincu, essentiellement parce que, pour moi, les dialogues du film tombaient souvent à plat… Superbes images cependant. J’en reparlerai peut-être.).

Peut-être que je me prive d’un artiste d’une classe à part… Peut-être que j’ai été trop dur avec lui? À cause de la jalousie? De l’amour inconditionnel qu’on lui porte? Reste que j’ai de la misère à accepter toute l’attention qu’il monopolise, alors qu’il y a des conteuses et conteurs merveilleux qui restent dans l’ombre que son phénomène contribue maintenant aussi à leur porter.  Mon attention à moi, je la réserve pour ces derniers.

Conter sans compter

Spectacle de Michel Faubert, samedi le 14 novembre dernier à la salle des Productions Littorale.  Bon public, l’artiste est en forme et la petite salle créée un contact privilégié avec lui.  Très belle complicité toute discrète de Daniel Roy à la musique.  Bon usage de la vidéo, qui n’est pas trop appuyé et qui ne distrait pas des contes.

Pourquoi ai-je l’impression que c’était trop court?  Il a pourtant donné 1 h 15 de spectacle sans pause.  Quand est-ce trop peu? Parce que je connaissais déjà certaines histoires?  Que j’ai toutes les chansons sur disques?  J’ai pourtant été ravi de les réentendre live et accoustiques.  Quant aux quelques nouveautés pour moi, c’était du bonbon…  Quand est-il préférable de terminer le show et de donner envie aux spectateurs de revenir? Il m’a semblé qu’il aurait fallu un ou deux éléments de plus pour que j’atteigne une certaine satiété…

Ou juste jaser avec Faubert.  Qu’il explique le pourquoi, le comment de ses histoires.  …Ou qu’il parle de n’importe quoi d’autre.  Juste écouter encore sa voix.  Sa voie.   Mais l’artiste semble fatigué.  Besoin de retourner à l’intimité. Il a son spectacle dans le corps.  Combien de fois l’a-t-il fait déjà?  Combien de fois le fera-t-il encore?  Trop?  Trop peu aussi, sans doute.

Une semaine plus tard, c’est moi qui s’y colle.  Un premier véritable spectacle solo à Québec à l’invitation des AmiEs imaginaires.  On me demande une heure sans pause.  Mon projet de spectacle en dure 1 h 30 sans compter la pause.  Bon, c’était probablement trop de matériel de toute façon (Quand est-ce trop? D’après qui?).

Je réorganise le tout, j’ai à peu près une heure.  J’ai pas fait ça souvent, conter une heure sans arrêt.  Avoir la responsabilité de capter l’attention des gens aussi longtemps avec mes histoires…  (J’ai déjà donné des charges de cours, mais ce n’est pas la même chose).  La responsabilité de ne pas les ennuyer;  d’être plus pertinent que le silence…  J’ai peur de manquer de jus, de ne plus être intéressant après deux ou trois histoires.  (Ça, malheureusement, ça m’est déjà arrivé…)

Voilà, la soirée arrive.  Je raconte mes histoires, fais mes liens.  Les gens écoutent bien.  On dirait même qu’ils (m’)aiment!  Il fait très chaud dans le petit restau où la veillée se tient.  Je termine mon dernier conte.  Ils applaudissent, semblent contents.  Ils se lèvent, mettent leurs manteaux.  Mais moi, je suis sur ma lancée, sur un high.  J’ai encore de l’énergie.  Je leur en ferais bien une autre… Et une autre encore, s’ils le veulent.

Ils viennent me saluer, me remercier:  « C’était une belle soirée. »  Ben oui, justement.  Ça ne vous tenterait pas de rester?  On pourrait jaser après.  Juste une autre histoire?  Après, c’est votre tour si vous voulez…

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Réflexion très pertinente de Yolaine, l’organisatrice:  « La capacité d’écoute est extrêmement variable.  D’une personne à l’autre, mais même d’une fois à l’autre pour la même personne. » La capacité de captiver aussi, semblerait.

De Brême à la Nouvelle-Orléans: le dosage des épices

Soirée de contes de Grimm samedi soir au profit de l’école « Les enfants de la Terre ».  Depuis le début du projet concocté par Hélène Normandeau (au printemps dernier?), j’avais choisi de raconter « Les musiciens de Brême » que j’avais fait quelques fois devant des enfants.  (Un jour, j’apprendrai « Le maître voleur » que j’adore aussi, mais ça fait quelque fois que je m’y essaie et je n’arrive pas à le rendre fluide.)  Sauf que plus nous approchions de la soirée, plus j’avais envie de faire quelque chose de différent avec ce conte tout de même assez connu des fameux frères folkloristes.

Il y a quelques semaines, j’avais décidé que, peu importe le public, je ferais participer les gens autant que lorsque je raconte devant les enfants.  Par exemple, à chaque animal présenté, je demande: « Quel bruit ça fait un âne? Un chien? Un chat? Un coq? »  À chaque instrument, je demande: « Il voulait jouer du tambour.  Qu’est-ce que ça fait un tambour? »  Déjà, pour moi ce niveau d’implication du public est assez nouveau (voir mon billet précédent).  J’avais déjà fait un travail préparatoire en 2007 où j’avais réfléchi à comment se comportait chaque animal, où il dormait la nuit, ce qu’il mangeait, etc.  Déjà, je prenais certaines libertés avec les instruments:  Le conte original fait rêver l’âne de jouer du luth et au chien de frapper les timbales.  On ne précise pas de quoi jouera le chat, mais on sait que le coq chantera.  Pour moi, un âne doit  jouer de quelque chose de percussif, alors que le chien peut avoir entre les pattes un accordéon ou un instrument à vent.  Cependant, il est clair que le chat doit « gratter » quelque chose…

Mais voilà que vendredi (moins de 48 heures avant de conter!), je me mets à avoir envie d’autre chose…  Le goût de repenser la recette, de faire différent.  C’est tard, mais c’est jouable…  Le spectacle est à 20 h.  Le public sera surtout composé d’adultes.  Je veux leur en donner « plus », sans trop savoir encore ce que ce sera.

Pour moi, les « Musiciens » parlent de notre société qui met à l’écart les aînés qui n’apparaissent plus « productifs » selon une étroite vision consumériste.  Chacun des animaux est mis de côté par son maître parce qu’il ne parvient plus à accomplir la tâche pour laquelle on l’a domestiqué (l’âne ne porte plus de lourdes charges, le chien ne court plus assez vite, le chat ne chasse plus les souris, le coq ne réveille plus la basse-cour).  En même temps, j’admire le caractère visionnaire (utopiste?) de l’âne qui donne à ses amis l’espoir qu’une nouvelle vie est possible au-delà de l’obsolescence qu’on a décrété pour eux.

J’avais donc eu envie de souligner ce message en racontant l’histoire de personnes âgées dont on ne veut plus dans différents secteurs où l’âgisme m’apparait criant (travail manuel, sport, sexe/beauté, showbizz).  Ces aînés laissaient tout derrière eux pour descendre en Floride, leur El Dorado (déjà, quel stéréotype!).  Chacune ayant une personnalité qui n’aurait pas laissé de doute quant à la correspondance avec un animal du conte original.

En même temps, je sentais confusément qu’en jouant ainsi avec l’histoire, je perdais la magie de la métaphore, le côté fabuleux qui permet d’effectuer des rapprochements sans moraliser.  J’avais donc eu la bonne idée de m’en abstenir…  Plus récemment, je m’étais dit que je pouvais conserver les animaux, mais leur attribuer des maîtres avec des métiers plus modernes.  C’est ainsi que le chien de chasse est devenu participant dans une course de lévriers (allusion au monde du sport professionnel où l’on brûle les jeunes athlètes et où l’on est « vieux » avant quarante ans).

D’autre part, le stage de création que j’ai suivi avec Bernadète Bidaude au printemps dernier m’avait inspiré une histoire bizarre où un jeune taggeur rencontre dans un wagon de train le fantôme d’un hobo noir qui joue de l’harmonica et se souvient de la Grande Dépression de 1929.  J’aime bien le jazz et le blues, mais je ne suis même pas un amateur éclairé.  J’ai lu un peu de Kérouac et de Steinbeck, mais pas assez pour que la figure de l’Itinérant ait prise sur mon imaginaire à ce point (du moins, c’est ce que je croyais jusqu’à tout récemment).

Pourtant, allez savoir pourquoi (les voies de l’inspiration sont impénétrables), je décide à moins de deux jours d’avis que mes animaux à moi ne se rendraient pas à Brême, mais à New Orleans (qui me parle davantage comme Mecque de la musique, personnellement).  Ils formeraient un Dixieland Quartet (le chat jouera du banjo et le chien de la trompette, c’est tout) et voyageraient à travers le Sud des États-Unis en pleine Crise.

Du coup, j’ai des images de bâteaux à aubes sur le Mississipi, de vagabonds dans des trains, de maisons closes luxueuses (qu’on appelle des cathouses, ai-je découvert), de marécages, etc.  Je pense à la conteuse estrienne Ann Rothfels qui fait une version de « Peau d’Âne » intitulée MossGown et qui se déroule aussi dans le Sud des États-Unis, mais sur les plantations de tabac et de coton Antebellum (XIXe siècle).

J’ai donc passé une partie de mon après-midi de samedi sur Wikipedia (les définitions de « Nouvelle-Orléans », « Mississipi », « Jazz », « Radio »,
« Greyhound Race », etc. ) et sur YouTube (pour des scènes du film Showboat de 1951, des extraits de Louis Armstrong chantant « When the Saints Go Marching In »). Vive Internet pour les conteurs à la dernière minute!  Évidemment, l’idéal serait d’y être allé, mais j’ai bien nourri mon imaginaire devant mon écran…

D’après les réactions du public (où il y avait finalement pas mal d’enfants) et les commentaires reçus, ça semble avoir bien fonctionné.  Je n’ai pas fait participer les gens autant que je l’espérais (je voulais les voir chanter « When the Saints… » en imitant le bruit des instruments des divers animaux), mais je pense que le récit a gagné de cette adaptation.  Contrairement à ma première idée qui l’eût appauvri, je pense que le décor contrasté (misère/ richesse; rêve musical/ réalité poussièreuse) et l’ambiance moite du Sud états-uniens conviennent à merveille aux « Musiciens ».   Traverser un marécage la nuit est bien plus inquiétant qu’une « simple » forêt.  Et le rêve de la Nouvelle-Orléans catalyse le tout.  En tous les cas, je m’y retrouve davantage et j’ai hâte de le raconter à nouveau.

Il y a longtemps que je me pose la question de l’adaptation et de la modernisation des récits:  Quand et surtout comment le faire?  Comment savoir quand il ne faut surtout pas toucher à une histoire polie par le temps?  Une des réponses est certainement liée à ce que les nouvelles épices apportent à la sauce (comme le dirait mon ami Marc-André Caron) ou à voir si elles n’en gâchent pas plutôt le goût original.

Les contes, c’est aussi pour les enfants…

Dimanche dernier, 1er novembre, 10 h 30 (le lendemain de la soirée d’Halloween et d’un changement d’heure!), je suis allé voir Philippe Sizaire et Zmala (duo de musique tzigane) avec toute la famille.

Le « toute » est important parce que depuis que mes enfants sont nés, j’avais bien hâte de les initier à cette passion qu’est la mienne.  Je leur ai bien sûr raconté des histoires, mais de ce côté là je suis loin d’être un papa-conteur modèle:  Les contes que je leur transmets sont le plus souvent écrits et je leur fais la lecture.  J’y mets l’intonation qu’il faut et je change ma voix de personnage en personnage, mais du point de vue des conteurs de tradition orale, ça n’est pas exactement ce que l’on a en tête quand on parle de « raconter des histoires à nos enfants »…  J’ai vu bien des conteurs (et c’est mon cas) éprouver un certain malaise devant les « Heures du conte » proposées dans les Bibliothèques municipales.  Pourquoi pas « L’heure de la lecture » puisque c’est bien de cela qu’il s’agit…

Je me suis risqué quelques fois, surtout avec mon plus vieux, à raconter (sans livre; ce que mon fils appelle « une histoire dans ta tête ») « Les musiciens de Brême » ou « Le taureau rouge » (un conte merveilleux pigé dans les collectes du Père Germain Lemieux en Ontario français) et même « Le grand-père marieur » une fois.  Par ailleurs, j’ai inventé sur le champs de nouveaux exploits de Bill-le-chat-bleu-qui-mange-des-biscuits-aux-pépites-de-chocolat.  Mais je ne suis pas à l’aise avec un public d’enfants, même s’il s’agit des miens.  Le fait est que depuis les six ans que je raconte, je peux compter sur les doigts les fois où la moyenne d’âge de mon auditoire était inférieure à vingt ans.  Je conte d’abord pour les grands.  Les thématiques des contes de mon répertoire, le niveau de langue j’essaie d’utiliser, l’aspect symbolique ou introspectif des péripéties ne me semblent pas convenir aux moins de douze ans.

Pourtant, Michel Faubert (et d’autres) nous disait bien que conter devant des enfants était extrêmement formateur.  Pas de fausse-politesse qui vient mitiger la « vraie » réaction.  Si tu ne captives pas ton jeune public, il va te le faire sentir assez vite merci…

Par ailleurs, je n’avais pas encore réussi à trouver un spectacle de conte qui s’adressait à aussi jeunes que mes enfants (ils ont tous deux moins de cinq ans).  Souvent, dans le milieu, on recommande de raconter à des publics de sept ans et plus.  Moins que cela et ils ont de la difficulté à garder l’attention.  Je connais cependant des conteuses qui content aux 3 à 5 ans avec des comptines, beaucoup de gestes, etc.

Donc en ce beau samedi matin, on sacrifie une partie des émissions de télé réglementaires et toute la troupe monte (en retard) dans la voiture en direction de l’Auberge La Caravane à North Hatley.  J’avoue avoir été nerveux…  Et s’ils n’aimaient pas ça?  Allais-je m’en remettre?

Rassurez-vous (pour moi), tout s’est très bien passé.  Les contes de Philippe n’étaient pas trop longs, mais très dynamiques, la présence de Zmala assurait qu’il y avait beaucoup d’ambiance et d’intermèdes musicaux.  Philippe faisait souvent interagir la salle.  Mon fils s’est montré on ne peut plus sceptique: « Non! » L’homme plus petit qu’un microbe ne pourra pas apprendre à voler.  « Non! » Il ne parviendra pas au bout de sa quête…  Mais au moins, on avait su capter son intérêt assez pour qu’il ait envie de participer.  Quant à ma fille, la musique l’a enchanté et elle s’est mise à danser.  Évidemment, ils gigotaient au bout d’une demi-heure, mais comme le spectacle ne dépassait pas l’heure, c’était tout à fait jouable.  Sur le coup, ils n’avaient pas l’air convaincus d’avoir aimé, mais depuis ils m’ont reparlé de certains contes.  Une graine de semée donc…

Outre la satisfaction paternelle de savoir qu’il y a de l’espoir pour ma progéniture, cette expérience m’a fait réfléchir sur cette qualité de relation avec le public.  Dans un autre régistre, Serge Valentin avec qui je contais pendant le Festival avait cette facilité d’« embarquer l’monde » que Philippe Sizaire déployait bien avec les enfants.  J’aimerais bien avoir ce talent…  Le plus souvent, je suis tellement dans mon histoire que je ne suis pas beaucoup avec le public.  Un idéal est bien sûr d’être à la fois dans l’histoire « il y a bien longtemps dans un pays fort lointain » ET « ici et maintenant » avec les gens qui nous écoutent.   Ce travail « relationnel » est quelque chose que je veux développer davantage.  Didier Kowarsky nous faisait travailler à être extrêmement conscient de tout ce qui se produisait autour de nous pendant le contage.  Ça demande de développer des yeux tout le tour de la tête…  Du reste, c’est pratique avec des enfants.

Brutal retour à la normale post-festival

L’aterrissage est toujours difficile, mais on dirait que c’est pire cette année.  Parce que j’ai dû combattre une grippe juste avant la 17ième édition du Festival Les jours sont contés en Estrie?  Parce qu’entre la Rencontre internationale (16 au 18 octobre) et le Festival (22 au 25 octobre), j’ai dû me taper un colloque à Québec (20-21 octobre) pour le boulot?  Parce que j’ai conté la dernière journée un conte difficile et que ça m’a vidé?  Parce que j’avais du rattrapage à faire au travail et avec la famille après deux week-ends d’absence?  Parce qu’ayant été très présent à la Rencontre, je l’ai été moins pendant le Festival?

Toujours est-il que cela m’a pris jusqu’à aujourd’hui avant de m’arrêter pour effectuer un certain retour sur les spectacles vus, l’ambiance, les discussions avec ces passionnés de la Parole…

Il m’en reste d’abord l’immense gentillesse et délicatesse de Serge Valentin avec qui Josée Courtemanche et moi étions jumelés pour notre « Friandise » (formule apéro-conte).  Talentueux, humble, chaleureux et généreux avec ses co-conteurs comme avec le public.  Il y a une époque où on appelait ces gens-là des gentlemen…  Tant Serge que sa conjointe Christine sont de cette visite qui met ses hôtes complètement à l’aise, si bien qu’on les réinviterait n’importe quand.

Il me reste des discussions poignantes mais très pertinentes avec Sophie Joignant sur son spectacle « Le mystère des Alyscamps » et l’importance de parler de la mort avec légerté.  En effet, « Le mystère » évoque la nécropole romaine des Alyscamps, près de la ville d’Arles.  Les histoires qui composent le spectacle sont drôles, modernes, tout en étant situées dans l’Antiquité et mettant en scène les rapports entre vivants et morts.  Sophie qui me conseille gentiment (mais fermement) de laisser les formations et de travailler à trouver ma voix propre…  Sophie qui m’a fait de chouettes commentaires après que j’aie eue conté l’histoire de Cormac MacArt lors de la Friandise du dimanche.

Il me reste des instants de bonheur à entendre trop brièvement conter la suisse Lorette Andersen et Dale Jarvis de Terre-Neuve.  Alors que la première sait déployer une énergie impressionnante, le second dispose d’un charisme exceptionnel et d’une voix puissante.  Bonheur aussi que les petits récits tout ciselés de Philippe Sizaire, des textes très écrits qu’il prend un visible plaisir à dire.

Mais il me reste beaucoup l’impossibilité d’aller à la soirée d’ouverture ou aux autres « Friandises » pour entendre mes collègues, le choix de ne pas aller à la nuit où Jihad Darwiche en a fait vivre milles et unes autres jusqu’à l’aube (lorsque j’y suis allé dans le passé, j’ai été trop crevé pour finir le Festival).  Il me reste ce qu’on m’a raconté du spectacle magique de Mathieu Lippé à St-Camille.  Il me reste le regret des spectacles en anglais où je n’ai pas pu courrir cette année.

Il me reste une unique soirée le samedi après les spectacles où plusieurs y sont allés de chansons traditionnelles de chez eux et où l’on a voyagé entre Terre-Neuve, le Québec anglophone et francophone, l’Argentine, la Bretagne, la Pologne et les Cévennes en l’espace d’une demi-heure…  Il me reste une discussion toujours aussi passionnante avec Christian-Marie, l’oeil qui brille de mille projets et de connivence.

Il me reste toutes ces réminiscences du Festival mais, une fois dégrisé (pas tellement d’alcool cette fois-ci), il reste surtout l’attente de la prochaine édition.  Le Festival aura l’âge de la majorité, mais il est déjà pour moi un événement majeur depuis longtemps.  Majeur à échelle humaine, il va sans dire.  Pourvu qu’il ne devienne pas trop sage…  Merci à tous les bénévoles qui le rendent possible, à l’équipe de Littorale et à la Mer Supérieure qui le porte et l’enfante chaque année.

Rencontre internationale sur le conte: impressions en rafale

Difficile de parler de tout ce qui s’est dit ou même de ce que j’ai réussi à capter de toute la richesse de cette fin de semaine… à travers la mauvaise grippe que j’ai traîné et qui a certainement nuit à mon écoute et à ma participation (désolé d’avance pour ceux que j’aurais contaminé).  Nécessité de laisser du temps de décantation.  Tout de même, quelques bulles qui remontent à la surface:

En introduction, un témoignage passionnée de la marraine de l’événement, Micheline Lanctôt qui a préféré pour ses enfants les contes de Grimm à la « littérature de CLSC » (les livres du type « Papa fait le marché » ou « Pierrot fait ses devoirs »);

– Une conférence d’ouverture fort instructive de Marc Aubaret qui permet de replacer le conte au milieu de toute la famille de l’art oral (mythes, épopées, légendes, fables, formes courtes);

Samedi matin, les raisons de raconter encore en 2009 avec Marc Aubaret, Mike Burns, Jihad Darwiche et Regina Machado.  Simplement, le monde en a de besoin plus que jamais. Besoin de repères, besoin de communauté, besoin d’imaginaires faces aux horreurs du monde, besoin d’espoir…  Plus personnellement, je découvre par ces les témoignages de ces conteurs à quel point le conte peut enseigner… subtilement.  À approfondir;

Samedi midi, des bribes du Piège d’Issoudun, film où Mme Lanctôt intègre le conte du Génévrier des Grimm.  Heureusement que je savais la fin, ça m’a moins troublé;

Samedi après-midi, lors d’une table ronde sur les pratiques, ce que Jocelyn Bérubé a appelé à posteriori le « Code Falquet »:  Une grille proposée par Jacques Falquet pour décrire la diversité des pratiques de conte.  J’aurai l’occasion d’y revenir parce que la grille de Jacques – sans doute imparfaite – a le mérite de nous permettre de sortir de la sempiternelle question du « C’est-tu du conte, ce qu’il fait lui? ».  D’autre part, le témoignage bouleversant de Regina Sommer qui a parlé de la coupure des allemands d’avec leur tradition orale depuis la seconde guerre.  J’ai versé plusieurs larmes sur ce peuple orphelin de ses propres mythes ensevelis sous les fantômes et les squelettes de placard.

Samedi soir, très chouette spectacle.  Je découvre Regina Sommer comme conteuse.  Je connais tous les autres et les apprécient tous avec leurs couleurs si distinctes, mais j’ai encore un faible pour Hindenoch et Darwiche.  Des plaisirs personnels: Mike Burns qui raconte l’histoire de Fionn Mac Cumhaill et du saumon de la sagesse (qui apparaît dans un conte que je prépare), Hindenoch qui raconte l’histoire du moine que l’extase mystique fait se perdre dans les méandres du temps (un de mes favoris) et Yachinsky qui raconte la très belle fable du Léopard et de la tortue qui prépare sa légende avant de se faire trucider (l’illustration même que le conte permet la résistance)…

Dimanche matin, des perspectives tantôt optimistes, tantôt pessimistes avec Marc Aubaret, Jocelyn Bérubé, Michel Hindenoch et Dan Yachinsky.  Ma fronde affectueuse contre Dan qui se demandait « Si les histoires nous choisissent, comment cela se fait-il? ».  Belle question s’il en est une!  Mais du même souffle, il prétendait que c’était une question pour les conteurs d’expériences, que les jeunes conteurs étaient trop occupés à amasser des histoires pour se questionner sur le répertoire.  Je suis donc aller au front pour revendiquer le droit pour les conteurs émergents de se poser la question du répertoire.  Je pense simplement que Dan a été surpris que cela puisse autant intéresser un « jeune ».  Suis-je le seul?

Dimanche après-midi: Un atelier sur la transmission du répertoire où je prends conscience du fossé entre conteurs d’expérience qui seraient heureux de partager leur répertoire mais croient que ça n’intéresse pas les jeunes et conteurs émergents trop mal à l’aise pour aborder ces grands.  Sans compter que les « vieux loups » ont leurs propres problèmes.  Comme l’illustrait bien Jocelyn Bérubé, « Ils veulent enseigner ce qu’ils savent de la forêt aux petits loups, mais la forêt a été coupée.  Leur monde a changé.  Ils ont peine à se répérer dans le territoire. »  C’est décidé, si un jour je fais un doctorat, ce sera sur l’élaboration par les conteurs contemporains (n’ayant pas bénéficié de la transmission traditionnelle) d’un répertoire de conte.

Par ailleurs, quel plaisir d’entendre Jocelyn Bérubé évoquer ses premières collectes en 1973 auprès d’un monsieur Desrosiers, violoneux et conteux, sous les questions toujours très justes de Dan Yachinsky.  Un moment que je chérirai longtemps…

En résumé, une belle fin de semaine dont je sors fort satisfait!

À la fin, il me reste tout de même un petit malaise, soit  l’impression très personnnelle que le milieu du conte est tellement pris dans ses propres problèmes et son propre besoin de définitions qu’il a de la difficulté à laisser de la place aux préoccupations de gens de l’extérieur, intéressés par le conte, mais qui l’abordent sous l’angle d’autres formes d’art, de vélléités thérapeutiques, de questionnements ethnologiques, etc.  Je sais que c’était le souhait des organisateurs que ce colloque s’ouvre à toute personne intéressée par le conte, mais de mon point de vue cela s’est terminé en réunion de famille.  Ça n’est pas triste et ça n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Ce n’est la faute de personne et il y a amplement à discuter entre nous pour que ce soit passionnant.  Pourtant, il me semble qu’on se prive d’apports externes qui pourraient nous permettre de sortir de nos lieux communs, de nos problèmes qui apparaissent souvent insolubles de l’intérieur.  Évidemment, ça veut dire accepter qu’on n’irait pas aussi loin ni aussi vite parce qu’il faudrait expliquer à ces gens le B-A-BA du contage (au sens où nous l’entendons) et possiblement lasser les initiés.  Comment en sortir?

Vire-oreilles et autres régals en vue d’un solo

De retour de mon stage en « Création d’un solo de conte » avec Gigi Bigot.  Par où commencer?  D’abord sans doute en affirmant que Mme Bigot incarne bien ce qu’elle prêche.  Extrêmement sympathique, c’est une dame pleine de fantaisie et de malice (sans malice) qui donne le goût de se « régaler avec les mots ».  Ce verbe « régaler » me sied bien.  Peut-être parce que j’aime bien la bouffe et qu’il est associé au plaisir gustatif…

Ainsi, Gigi nous a appris quantité de vire-langues (« Natacha n’attacha pas son chat Pacha, ce qui fâcha Sacha qui chassa Natacha. ») et de vire-oreilles.  Si la première catégorie m’était familière (« Truite cuite, truite crue. », « Piano, panier », « Les chemises de l’archi-duchesse… »), la seconde était pratiquement nouvelle pour moi.  Il s’agit de phrases dites rapidement dont l’abondance de syllabes de sonorités exotiques donne l’impression que le locuteur est en plein charabia, alors qu’en fait il s’agit de mots français, tout à fait intelligibles.  Par exemple: « Oulibounish? Pinisho, wanishba, ibounish nihoniba. » (Pour comprendre, dites-le lentement à haute voix.  Sinon, écrivez-moi et je vous donnerai la solution.  Évidemment, ça marche mieux à l’oral…)

Pour Gigi Bigot, il s’agit de notre patrimoine, de trésors d’oralité présents dans toutes les cultures.  Dans son parcours personnel, elle a eu besoin de conter en patois, de retrouver ses racines pour ouvrir ses ailes et gagner la liberté de sa parole.

Gigi nous recommande de ne jamais perdre de vue ce « régal des mots », notre matière première, afin de justement « tendre vers la liberté ».  En effet, pour elle travailler un solo est le moment d’un retour vers ce qui est personnel, vers l’écriture, la création, notre monde intime.  C’est l’occasion de se présenter seul, de trouver sa manière de dire qui est différente de l’autre, de développer sa signature propre à travers la mise en place d’une architecture.  Il s’agit de « donner cohérence en artistisant »; faire un objet d’art qui se tient.

Mais alors que j’ai personnellement passé un temps fou à choisir mes contes (l’agonie des choix…) et à essayer de les mettre en ordre (huit itérations de pacing au moins…), elle propose plutôt de se demander d’abord ce que l’on veut dire au public.   « Il faut une flèche, quelque chose qui sous-tend l’idée. »  De là, les choix se feront en fonction de ce message à passer, qu’il s’agisse d’un lieu ou d’un personnage central, d’une ambiance, d’un thème ou d’une ritournelle qui revient.  Ça semble si évident « que n’y ai-je pensé avant »? Mais ça fait du bien de se le faire rappeler…

Alors que je voulais éviter le verbiage et me censurer de peur de trop parler « autour de mes contes », Gigi m’a redonné confiance en ma parole, me convaincant que ce que j’avais à dire avait de l’intérêt.  Il faut encore que l’assume afin d’« être dedans » et de le « rendre vivant », mais je suis davantage prêt à plonger dans ce que je suis et à « coudre mes rêves sur mon canevas »…

Pour cela merci Gigi.  Et merci Danielle Brabant, Karine Gibouleau, Céline Jantet, Geneviève Marier et Judith Poirier, mes compagnes de voyage attentives, allumées, respectueuses et inspirées.

Mais c’est qui Gigi? (Bigot)

Je pars tôt demain matin pour une formation de deux jours offertes par le Regroupement du conte au Québec sur le thème « La création d’un solo de conte » (Merci RCQ!). Compte tenu de là où j’en suis dans ma démarche artistique, le programme me va tout à fait:

Les participants seront amenés à se questionner sur la pertinence de leurs choix, sur la façon de s’approprier un univers, de personnaliser leur spectacle (leur « conte »), d’être soi-même, de se sentir libre et vivant et de donner aux histoires traditionnelles ou autres toute leur force et leur pertinence dans l’ici et maintenant.

Mais surtout:

En ce qui concerne la gestion des énergies, les participants seront guidés dans leur recherche d’une technique personnelle de gestion de l’énergie et des moments forts du solo, sans céder à la peur panique de la perte de contrôle.

J’avoue être curieux de la façon dont la formatrice, Mme Gigi Bigot, conteuse française que sa réputation précède (c’est une grosse pointure là-bas!), arrivera à faire avancer chacun (nous serons six participants) sur son projet personnel tout en conservant une certaine cohésion au groupe…

Surtout, évidemment je suis aussi plutôt curieux de savoir qui est cette bonne dame. Alors je suis allé consulter son site Web. Outre la bio de circonstance, c’est ce texte-ci (« Des traces de pas dans l’air ») qui me touche beaucoup…  Par ailleurs, elle semble favoriser une approche réflexive du conte.  Disons que cela augure bien.

À l’abordage! (avec Nadine Walsh)

L’impressionnante Nadine Walsh annonçait récemment les dates de son nouveau spectacle solo Femmes pirates ou crises de foi(e). Ayant discuté avec Nadine de ses motivations pour monter le spectacle, ça ne risque pas d’être triste. Reste à convaincre ma blonde d’aller la voir la veille de la St-Valentin…

Assoiffées d’aventures, elles ont levé les voiles ; cap vers la liberté ! Sans pitié, elles ont abordé l’amour et l’ennemi à bout portant ! Armées d’audace et d’insolence, elles ont défié les lois, à la vie, à la mort !

Ann Bonny et Mary Read sont de ces femmes pirates qui ont réellement vécu mais dont on ne connaît que la légende. Ces intrépides femelles défient encore aujourd’hui les lois du genre ! Elles ont su se faire respecter dans un milieu d’hommes des plus cruels, ont suivi leurs pulsions sans retenue et ont maintenu leur liberté à bout de bras… d’honneur !

Ce récit d’aventure, empreint de sensualité, est porté par une parole tantôt crue, tantôt lyrique. Avec cette création, Nadine Walsh louvoie entre la révolte, la vulnérabilité et la dérision…
Bienvenue à bord !

(15 ans et plus)

Textes et interprétation : Nadine Walsh
Mise en scène : Alberto Garcia Sanchez
Répétitrice : Marie-Andrée Lemire
Illustration : JAL
Infographie : Joanie Walsh

Au Québec :

18 octobre 2009, 15 h: 1600 De Lorimier
19 octobre 2009, 19 h: 1600 De Lorimier
21 octobre 2009, 20 h: Maison de la culture du Plateau-Mont-Royal, 465 Mont-Royal Est, Montréal. Tél: 514-872-2266
13 février 2010, Salle de Productions Littorale, 138 rue Wellington Nord, 2e étage, Sherbrooke. Tél : 819-566-6996
28 février 2010, 19 h 30: Les dimanches du conte au Cabaret du roy, 363 de la Commune Est, Vieux-Montréal.

En Europe :

19 novembre 2009: Contes en appartement à Paris *
27 novembre 2009: Festival Rapatonadas à Aurillac *
29 novembre 2009: 20h00 Centre Culturel Bruegel, 247 Rue Haute, Bruxelles
Mai 2010: Festival Coquelicontes à Limoges *
Mai 2010: Série de représentations au festival Les arts du récit *

* Lieu et date à déterminer