Jouer dans la Mare

Me voilà organisateur… à ma petite échelle.  Pour faire une histoire courte, j’avais accepté l’an dernier de donner un coup de main à mon amie la Marquise dans l’organisation des Contes de la Mare, soirées mensuelles tenues à la microbrasserie La Mare au diable à Sherbrooke.  La Marquise a porté cette série à bouts de bras, complètement bénévolement, seule ou avec d’autres. depuis 2007 à la Mare, mais même auparavant avec Les contes de téléphone au défunt Téléphone Rouge.  Le milieu étant petit, j’ai eu l’occasion de conter sur ces scènes locales à diverses reprises et d’y voir de nombreux conteurs.  J’avais aussi l’occasion de jaser avec la Marquise des difficultés et des plaisirs de la vie d’une organisatrice.

L’an dernier, mon aide consistait essentiellement à discuter de programmation avec elle, à animer certaines soirées (auxquelles j’aurais vraisemblablement assisté, de toutes façons) et à poser quelques affiches.  La Marquise ayant décidé – avec toute ma bénédiction et mes meilleurs voeux de réussite – de voler vers d’autres projets, j’ai choisi de prendre le commandement de ce navire… du moins pour le moment.  La série fonctionne bien, d’un mois à l’autre, et présente depuis cinq ans 8 spectacles par année (les derniers dimanches de septembre à novembre, puis de janvier à mai) dans l’ambiance chaleureuse de la Mare au diable, où la bière est franchement sympathique.

Je reparlerai sans doute de ma vision du rôle d’organisateur et de comment je concilie cela avec ma perspective critique du conte. Pour le moment, je voudrais surtout vous inviter, lecteurs, à vous abonner à la page Facebook des Contes de la Mare.  Surtout, venez vous joindre à nous dimanche prochain, 3o septembre, pour le lancement de la cinquième saison.

Un conteur chez les tellers

Du 1er au 5 août dernier, j’ai participé à Contes courants / Story Streams, la 20e conférence annuelle de Storytellers of Canada / Conteurs du Canada (SC/ CC) qui se tenait au Collège Brébeuf, à Montréal.  Comme c’était ma première participation à une activité de cette organisation, j’étais assez « outsider » pour avoir un regard externe.  J’en ai ramené plusieurs idées qui me semblent intéressantes pour le milieu du conte francophone (au Québec ou ailleurs).
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Le printemps de l’ours

Toutes ces réflexions autour de l’immersion et de la sérendipité sont bien sûr inspirées par le projet sur lequel je travaille dans le moment avec les collègues Ours cordial, Ours insolite et Boucles d’or.  [Je me suis totémisé moi-même « Ours perplexe », pour vous servir…] Titre de travail : Le bal des ours.  Pour le 2oe anniversaire du Festival Les jours contés en Estrie (octobre 2012), nous sommes à préparer, vous l’aurez compris, un spectacle avec quatre histoires ursines (une par conteur).

Je m’attaque personnellement au conte de «Jean de l’ours » (AT 310B).  Un gros morceau.  Comme c’est un archétype qui existe dans les univers culturels européen, asiatique et amérindien, j’ai l’embarras du choix des versions… et des péripéties.  Pas de rareté ici; le travail en est plutôt un de filtrage des éléments qui me parlent le plus et de synthèse personnelle.  Si le début du conte est assez stable dans l’ensemble des versions que je lis, les derniers épisodes (notamment les aventures du héros dans « le monde souterrain ») vont dans plusieurs directions.  À moi de choisir ce qui me semble le plus signifiant pour en faire un récit cohérent.  Respecter l’histoire, tout en lui donnant ma couleur, mes motifs. Continuer la lecture de « Le printemps de l’ours »

Si la sérendipité m’était contée

[Je vous rassure, il ne sera pas question ici de la bluette américaine Serendipity, traduit au Québec par Un heureux hasard (et plus platement en France par Un amour à New York) avec John Cusack et Kate Beckinsale… qui marchaient assez bien ensemble.]

Bernard Grondin m’écrit, à propos de mon dernier billet : « Mon travail utilise à satiété la sérendipité, terme que je ne connaissais pas ».  Et je dois bien avouer que je n’utilise moi-même cette expression que depuis peu, surtout en lien avec mon travail de veille. Je constate évidemment aussi que le travail de créativité, a fortiori en conte, bénéficie de l’apport de découvertes « sérendipiteuses » (l’adjectif est plus douloureux, non?).  J’en ai parlé lorsque j’évoquais mon « syndrome du cheval blanc« .

Calque de l’anglais, le terme serait pourtant attesté dès 1954 en français, du moins si on en croit (la passionnante entrée) Wikipédia.  Il semble que l’utilisation du Web et du zapping entre plusieurs sources d’information, où les occasions de « de réaliser une découverte inattendue grâce au hasard et à l’intelligence » se multiplient, est partiellement responsable d’une meilleure visibilité du concept.  J’aime aussi la notion d’ « accident heureux » (happy accident) ou celle du « don de faire des trouvailles » de certaines définitions. Dans d’autres cas, on parle même de « sérendipité systématique » et on flirte avec l’oxymore…

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Préparer ses contes : les bonheurs de l’immersion

Une fois le conte choisi, avant de l’amener à la scène, la conteuse ou le conteur passe du temps avec son histoire.  S’il s’agit d’abord d’un exercice de mémorisation, c’est souvent beaucoup plus.

Quelle différence entre apprendre une histoire par coeur et l’incarner jusqu’à la connaître « par corps » ? Entre retenir les péripéties dans le bon ordre séquentiel et maîtriser complètement une trame narrative jusqu’à saisir la pertinence du moindre détail sur la signification profonde du récit ?  Et est-ce vraiment nécessaire pour bien conter? Continuer la lecture de « Préparer ses contes : les bonheurs de l’immersion »

Hiatus hivernal (la fois où j’ai failli lâcher le conte)

Hiatus : « solution de continuité, espace entre deux choses dans une chose. Interruption.»  Provient du latin hiare : être béant.

Je cherchais les mots pour traduire mon état d’esprit et expliquer ma trop longue absence en ce début d’année.  Voilà : je me sens béant.  Une plaie.  Un gouffre.

Passage à vide.   Une succession de grippes m’aura mis moralement K.O.   Je file un mauvais coton.  C’est la saison… Continuer la lecture de « Hiatus hivernal (la fois où j’ai failli lâcher le conte) »

Si Noël m’était conté…

Pour répondre à mon propre billet de la semaine dernière, je trouve aujourd’hui sur le site français Curiosphère.tv une série de neuf jolies vidéos dans la série Si Noël m’était conté.  Écrites et réalisées en 2007 par Christophe Benabib, produites par Morgane Production avec la participation de France 5, ces documents animés de 4 min quelques chacun donnent pas mal d’info en concentré sur :

  1. L’esprit de Noël
  2. La crèche
  3. Le 25 décembre
  4. Le Père Noël
  5. Les Rois mages
  6. Le sapin
  7. Les cadeaux
  8. Les décorations
  9. L’origine du mot « Noël »
Texte d’annonce de la série :
Noël est une fête que l’on croît connaître parfaitement mais qui recèle pourtant bons nombres de légendes et de coutumes oubliées. Grâce à la série Si Noël m’était conté, et au quizz associé, petits et grands comprendront le point commun qui existe entre un évêque du IVe siècle en Turquie et le Père Noël rond et jovial tel qu’on le connait aujourd’hui. Ils apprendront également que la tradition des cadeaux et celle des décorations remontent à la Rome Antique. Ils pourront enfin répondre à toutes ces questions que l’on se pose sur Noël : pourquoi le fête-on le 25 décembre ? Quel est cet « esprit de Noël » dont on nous vante les mérites à l’approche des fêtes ? Pourquoi les catholiques installent-ils une crèche et quelle est sa signification ou encore d’où vient le mot Noël ?

C’est didactique, mais fait avec légèreté sans trop se prendre la tête.  L’animation commence à dater, mais ça fonctionne encore.  C’est surtout une bonne façon de se titiller l’imagination. Histoire de se mettre dans l’esprit des fêtes et de lancer nos recherches de contes…

La difficile quête des contes de Noël

Difficile de trouver des contes de Noël intéressants, assez passionnants pour les raconter.  Pourtant, voilà bien un rayon où il y a de la demande…  Le public est friand d’entendre des histoires dans le temps des fêtes.  Les conteurs et conteuses ont tout intérêt a en avoir quelques uns dans leurs besaces.  Une difficulté s’ajoute : Ce ne sont pas des contes que l’on raconte souvent…

Une fois que l’on a fait le tour des classiques de Beaugrand (« Chasse-galerie », « Fantôme de l’avare »; bon, ces deux derniers se passent au jour de l’an, mais que cela ne nous arrête pas…), d’Andersen (« Petite fille aux allumettes »), de Dickens (« Cantique de Noël »; Scrooge et les fameux trois fantômes), de Van Dyke (« Quatrième roi mage »), il reste moins de choix…

J’oublie probablement d’autres « récits fondateurs » de ce solstice hivernal, mais vous comprenez l’idée : il faut ramer pour se bâtir un répertoire original et apprécié.  Les récits autour de Noël ont été particulièrement christianisés, rendus moralisateurs, ce qui ne correspond pas toujours aux sensibilités contemporaines…   Continuer la lecture de « La difficile quête des contes de Noël »

Clichés médiatiques du temps des fêtes

La même semaine où je découvre le dernier « Commando Trad » mettant en vedette le conteur Jocelyn Bérubé – ce qui répond à l’un des souhaits que j’avais formulé ici – la blogueuse Christiane Campagna des Chroniques Trad y va d’un « Message préventif aux médias qui parlent du trad une fois par année » bien senti.

C’est un petit condensé qui permet de revisiter certains de ses billets passés mais toujours aussi pertinents, que ce soit à propos des associations éculées entre musique trad et temps des fêtes,  musique trad et « goût du jour »musique trad et nostalgie…  Prenez donc le temps de cliquer sur chaque hyperlien !

Bien sûr, plusieurs de ces associations valent aussi pour le conte.  La faute à qui ?  Je m’étais posé la question cet été

Mme Campagna parle du rôle des médias qui ressassent les mêmes clichés.  Au fond, les gens des médias agissent comme des amplificateurs (mais c’est vrai qu’ils pourraient parfois être plus curieux et nuancés).  Comment pouvons-nous briser ce moule ?

Le transmédia et les nouveaux territoires narratifs

Pendant ce temps, dans un tout autre univers…

La semaine dernière, dans un article intitulé « Le transmédia pour expérience », Le Devoir rapportait le battage médiatique entourant la sortie du dernier chapitre de la série de jeux vidéo Assassin’s Creed.

« La constellation de «la foi de l’Assassin» s’est déployée, entre autres, par le biais de bandes dessinées, de romans, de courts métrages […], d’un jeu Facebook, et même de vêtements dissimulant des codes secrets donnant accès à du contenu narratif en ligne exclusif.  Et c’est sans compter l’éventuel jeu pour iPad, annoncé pour la fin de l’année. La magnifique encyclopédie qui paraît ces jours-ci permet également d’embrasser l’ampleur de cette fiction en expansion »

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