Un mot en réponse à certaines réactions d’inconfort face à cette « manie » que j’ai (avec d’autres) de toujours chercher à définir et à mieux cerner les contours de notre art. On me reprochera qu’en tentant de déterminer « ce qui en est », j’exclus d’office le reste… qui n’aurait plus droit de citer. Or, pour moi, affirmer que certaines manifestations artistiques correspondent moins à ma définition du conte (comme pratique, pas comme genre littéraire), ne signifie certainement pas qu’elles n’ont pas leur place dans toutes sortes d’amalgames et d’expériences de métissage qui peuvent enrichir tous les arts. Continuer la lecture de « Du dur défi de re-définir indéfiniment »
Auteur/autrice : jsdube
Conter le Pays
Une version condensée de ce billet a été publiée dans la section « Prise de parole » du site des éditions Planète Rebelle.
La récente fête nationale qui s’est tenue sous le thème « Entrez dans la légende » m’a troublé à divers égards. À priori, je crois évidemment qu’il faut nous réapproprier notre patrimoine oral. Pour moi, c’est notre assise, nos racines. J’en ai souvent parlé sur ce blogue. Jusqu’à récemment, je trouvais que les conteurs et observateurs du milieu qui s’inquiétaient de la calcification, voire de la muséification du conte s’en faisaient pour rien. Je n’en suis plus aussi sûr… Continuer la lecture de « Conter le Pays »
Marcher de l’autre côté des lignes imaginaires
En rédigeant mon dernier billet sur l’écriture de nouveaux contes, j’avoue que j’avais espoir qu’un certain nombre de conteurs qui pratiquent le conte de création – dont Nicolas Rochette – y répondent. Or, voilà que Nicolas publie sur la page Facebook de Planète Rebelle un manifeste (!?) passionnant intitulé « Oser voir les frontières ». Ce n’était probablement pas son intention, mais je veux y voir une réponse même si Nicolas se situe clairement au-delà du (vieux) débat que je voulais réinvestir.
Bien que de savoir repérer lesdites frontières soit un a priori (il s’agit pour Nicolas de « l’utilisation systématique de l’espace scénique, de l’instauration d’une valeur marchande de nos performances et de la linéarité du fil narratif du conteur qui DOIT être limpide » [mes emphases]), le sieur Rochette démontre bien qu’il est prêt à les transcender au nom de l’exploration et du développement de notre art. Il invite les conteurs à le suivre.
Je prendrai certainement le temps de réagir à ce texte important. Pour le moment, je voulais surtout signaler son existence.
Le seul défaut, c’est que ce n’est pour le moment accessible qu’à ceux qui ont un compte Facebook…
J’écris des histoires, mais est-ce du conte ?
Ouf ! Mon dernier billet remonte déjà à la mi-avril… Faut dire que, depuis, j’écris quand même pas mal… Mais j’écris des contes. Ou du moins, je lis, j’adapte et j’invente des récits auxquels j’espère conférer des éléments proches du conte. Évidemment, moi qui favorise habituellement les récits traditionnels, ça m’a amené à me poser des tas de questions sur la possibilité ou non d’inventer de nouveaux contes, ce que ça prend pour que ça en soit, etc. Continuer la lecture de « J’écris des histoires, mais est-ce du conte ? »
Écouter la vieille dame sage au fond des bois – Atelier avec Michèle Rousseau
Je viens d’avoir la chance de passer deux journées – les samedi 19 et dimanche 27 mars 2011 – avec une doyenne parmi les conteuses au Québec, madame Michèle Rousseau. À l’initiative des Productions Littorale, grâce au Conseil de la culture de l’Estrie et en compagnie d’autres conteurs du Cercle des Cantons de l’est, j’ai reçu un cadeau. Portrait impressionniste et impressions impressionnées.
Michèle est une fée, une « femme-sage », une adolescente de « 80 ans cet été ». Des bras interminables qui s’ouvrent au monde comme des rayons de soleil et, quand on croit qu’ils s’arrêtent enfin, des doigts si longs qui s’étirent à leur tour ; des rayons au cœur des rayons. Et combien elle rayonne… Tout un charisme et un tel amour des gens qu’on se sent submergé en sa présence. D’autant plus qu’elle était visiblement ravie d’être là, alors que trop peu de jeunes conteurs vont la trouver au fond de sa campagne pour solliciter sa sagesse. Lorsqu’elle incarne une vieille guérisseuse qui aide l’héroïne au cœur d’une de ses histoires, on n’a pas de mal à se laisser prendre au jeu. Cette rencontre revêtait donc un caractère extrêmement précieux pour moi et, sans doute, pour les autres. Continuer la lecture de « Écouter la vieille dame sage au fond des bois – Atelier avec Michèle Rousseau »
Le renouveau… littéraire du conte (2/2)
[Note: Cette entrée est la suite du billet « Le renouveau du conte… littéraire ». Pour lire la première partie, cliquer ici.]
Le Murmure des contes
L’entrée Wikipedia sur le « Renouveau du conte » en France et le rôle qu’y jouèrent BLS et Gougaud me semble un bon point de départ pour présenter ces « monuments » de notre discipline et l’ouvrage suivant:
« Deux artistes-conteurs encore en exercice, et par ailleurs formateurs de nombreux autres conteurs et conteuses, sont particulièrement importants dans cette période [années 1970-début des années 1980] : Henri Gougaud et Bruno de la Salle. Ils rendent compte de leur parcours, de leur réflexion sur le conte et de leur expérience artistique depuis 1960 dans l’ouvrage d’entretiens paru en 2002 : Le Murmure des Contes. »
Continuer la lecture de « Le renouveau… littéraire du conte (2/2) »
Le renouveau du conte… littéraire (1/2)
La visite de Bruno de La Salle au Québec en décembre 2010 m’a donné l’occasion de me replonger dans deux ouvrages qu’il a respectivement signé et co-signé. Il s’agit du Conteur amoureux (Casterman, 1995) et du Murmure des contes (entretiens avec Henri Gougaud, recueillis par Isabelle Sauvage, Desclée de Brouwer, 2002). Je les avais déjà traversés, mais je crois que cette fois-ci je les ai réellement découverts; tant il est vrai qu’il y a des lectures ou des leçons que l’on ne reçoit pas si l’on n’est pas encore prêt à les accueillir. Pour moi, ces livres devraient figurer dans toutes les bibliothèques de conteur ou conteuse, alors qu’on y trouve de nombreuses réflexions sur notre pratique. En relisant, j’ai pris de nombreuses pages de notes qui viendront enrichir de futurs billets (notamment sur la formation des conteurs et la constitution d’un répertoire). Je souhaite néanmoins en partager quelques extraits avec vous dès aujourd’hui…
De nouvelles histoires sur la Toile
À ceux qui s’intéressent aux nouvelles formes de narrativité qu’ouvre le numérique, deux références rapides: D’abord un billet de Gina Desjardins, l’une des blogeuses du site Triplex de Radio-Canada, qui complète fort bien mon propre billet de l’été dernier sur le Storytelling Transmédia. D’autant plus à propos qu’elle rend son explication lumineuse en l’illustrant par l’hypothétique diffusion transmédiatique d’un conte de fée (Blanche-Neige). Que n’y eus-je pensé avant elle! Ainsi:
Si l’équipe de promotion de ce film faisait du transmédia avec Blanche-Neige, voici ce qu’on pourrait voir et lire avant la sortie du film en salle :
– Une bande dessinée sur les sept nains avant qu’ils trouvent Blanche-Neige évanouie. On en apprendrait davantage sur qui ils sont.
– Un court-métrage sur l’histoire de la mère de Blanche-Neige qui souhaitait ardemment un enfant et qui a laissé quelques gouttes de sang tomber dans la neige après une blessure au doigt.
– Un roman sur le passé de la future méchante reine à la recherche d’un mari et cette fée qui lui a fait don d’un miroir magique.
– Un blogue tenu par le miroir magique. Il publierait des billets par rapport à l’obsession de sa propriétaire sur sa beauté et son exaspération de ne servir qu’à répondre à une seule et même question.
– Un jeu impliquant le prince et ses missions qui l’amènent à parcourir la forêt.Le transmédia permet de faire connaître l’univers aux gens sans trop dévoiler l’histoire de la réalisation ultime. Chaque média participe à sa façon au récit principal, mais chaque histoire existe indépendamment. C’est le point d’entrée d’un univers narratif adapté à différents publics.
Par ailleurs, la même Gina Desjardins n’a pas manqué de souligner (comme plusieurs autres journalistes) l’arrivée de la très chouette websérie interactive Fabrique-moi un conte, une idée de la réalisatrice Myriam Bouchard (Les chroniques d’une mère indigne), où l’internaute est invité à voter à chaque semaine pour donner à un réalisateur connu des contraintes (conte, acteur, lieu) dans la réalisation express (2 jours d’écriture/1 jour de tournage/ 2 jours de montage) d’un court métrage. Symptomatique de la visibilité médiatique du site, le hashtag (mot-clic?) #lescontes sur Twitter renvoie désormais à cette série…
Mon seul regret: Les treize contes proposés sont tous archi-connus du grand public (Pinocchio, Le vilain petit canard, Blanche-Neige, La Barbe-Bleue, Alice aux pays des merveilles, Cendrillon, Le petit chaperon rouge, La belle au bois dormant, La belle et la bête, Jacques et le haricot magique, Les trois petits cochons, Boucle d’or et Le vaillant petit tailleur). Est-ce qu’il n’y aurait pas eu là une magnifique opportunité de faire découvrir des contes plus rares aux adeptes de la série? Évidemment, une partie importante du plaisir est de voir comment les réalisateurs vont réinterpréter ces trames maintes fois utilisées, avec l’aide des scénaristes Caroline Allard et François Archambault. Par ailleurs, la notoriété des contes facilite le vote. Ne me reste qu’à espérer qu’après un franc succès cette fois-ci, il y ait des suites et que l’on doive renouveler la banque de propositions…
Comme le proposait sur Facebook la conteuse et graphiste Marie-Pier Fournier, l’organisation pourrait aussi s’associer à un ou des conteurs… (Pssst! Je suis volontaire!)
Des blogues cousins
Ces jours derniers, j’ai découvert via Facebook des cousins à Tenir conte. D’abord, Jean-Pierre Mathias, conteur breton contact du chanteur, conteur et ethnologue Robert Bouthiller. En parallèle avec son site professionnel, M. Mathias anime un blogue fort chouette: Contes et merveilles.
Puis, via Jean-Pierre Mathias, j’ai découvert le blogue Arrête de faire des histoires !… du conteur vendéen Frédéric Mahé. (Si vous lui trouvez effectivement un air de famille avec mes carnets, c’est que Mahé et moi utilisons tous deux le thème Tarski de WordPress). Ce blogue est une véritable mine de renseignements en conte, mais aussi en mythologie, domaine d’intérêt du blogueur.
Personnellement, j’y trouve des réflexions sur des thèmes qui me tiennent à coeur. Ainsi, ce billet sur le storytelling, sujet à propos duquel je planifiais écrire depuis un bon moment, tant ce phénomène de récupération de la narration m’inquiète.
Sur ce dernier site, suite à un billet de Mahé datant de 2009, une discussion bat son plein autour de la question de la liberté des conteurs en rapport avec la variabilité des récits issus de la tradition. Les échanges m’ont suffisamment intéressés pour que je me jette à l’eau à mon tour…
Ça fait quand même du bien de se sentir partie d’une famille d’esprit!
L’atelier de monsieur Bruno (collaboration spéciale)

Lors de son passage au Québec en décembre 2010, Bruno de La Salle a offert un atelier de formation le samedi 18 décembre dans la Maison Chevalier, à Québec. L’atelier s’intitulait « Du texte à l’oral ». Le texte de présentation se lisait comme ceci :
« Le propos du stage est d’envisager l’oralité comme un art de l’investigation : mettre en jeu le texte écrit mis en parole, le corps, et la relation aux spectateurs pour mener une exploration sur toutes sortes de matériaux. Nous aborderons le souffle, le discours, le geste et le mouvement nécessaires pour faire du texte de départ, un récit totalement dans l’oralité, pour aboutir à une narration-exploration. »
J’aurais bien aimé y assister, mais j’étais malheureusement coincé par des obligations familiales. Heureusement pour moi – et maintenant pour vous, chers lecteurs – un ange y était qui nous a rapporté des notes de ce qu’il a vu et entendu… Tenir conte est donc heureux d’accueillir un premier collaborateur externe, soit M. Gabriel Grenier, membre du Cercle des conteurs des Cantons-de-l’Est. Merci à Gabriel pour son travail de reporter. Le « je » dans le texte qui suit est donc le sien…
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