Pourquoi monter des classiques au théâtre? (Tous les arts se posent les mêmes questions)

Le mardi 23 février 2016 dernier, entendu cette discussion à l’émission radiophonique Plus on 585-96-etset-0304-prodphoto1-2est de fous, plus on lit, entre Philippe Couture, critique de théâtre, Yves Desgagnés, metteur en scène, et Anne-Marie Olivier, directrice artistique du Trident.  Je ne pouvais faire autrement que d’y voir écho à nos querelles entre tradition et création.  De très intéressantes réflexions, dont je retiens ceci: 

  • Anne-Marie Olivier: « Il faut se poser la question ‘Pourquoi monter ça ?’.  […] Il faut aussi le donner à des metteurs en scène qui auront quelque chose à dire avec ça [le texte classique… ou le conte traditionnel] et qui vont avoir une véritable prise de parole avec ça.  C’est là que moi comme spectatrice je suis intéressée… » [mon emphase]
  • Yves Desgagnés: « C’est le texte avant tout qui doit avoir une résonance à notre époque […] Pas besoin de ‘sparages’ de mise en scène pour ‘faire moderne‘ [mes emphases].
  • Philippe Couture: « … Mettre un mohawk sur Hamlet, ça ne donne rien. »
  • Yves Desgagnés: « Au fond, on monte des classiques [NDLR: ou on raconte des contes traditionnels], parce que l’être humain n’a pas beaucoup changé depuis 100, 200, 400 ou même 1000 ans. Et on ne vit pas assez longtemps pour avoir une perspective sur l’évolution humaine…»
  • Un désaccord entre Yves Desgagnés et Anne-Marie Olivier (décidément, je l’aime beaucoup celle-là) à propos de « C’est quoi une bonne pièce? » où j’ai crû réentendre une discussion que j’avais eu cet automne avec le conteur Marc-André Fortin (qui défendait essentiellement la même position qu’Yves Desgagnés):
    • Yves Desgagnés: « Une bonne pièce [NDLR: un bon conte] c’est quand c’est pas plate!  Selon les mots de Peter Brook, la première règle, c’est de ne pas être plate! D’abord. »
    • Anne-Marie Olivier: « [Une bonne pièce] c’est quelque chose qui va nous bouleverser, qui va nous transformer, qui va nous questionner.  On ne sortira pas de la salle de la même façon qu’on y est entré, avec le même état d’esprit… Ultimement, […] c’est vers ça qu’on tend; pour changer le monde, changer la vie, changer les esprits… Vraiment pour être un outil de transformation, de poésie, de beauté.  Et qui donne du sens, au moins qui questionne nos aliénations… » [mes emphases]
    • Yves Desgagnés: « On en demande beaucoup au théâtre… »
  • Phillipe Couture: « En fait, il faut que le classique soit senti et pas muséal.  C’est ça la clef » [mon emphase]

Tout ça m’a ramené au compte-rendu d’une journée de réflexion tenue l’automne dernier pendant le Festival Les jours sont contés en Estrie, avec Didier Kowarsky et Michel Hindenoch, et portant sur Le conte: Traditions et mutations.

 

Une réflexion sur « Pourquoi monter des classiques au théâtre? (Tous les arts se posent les mêmes questions) »

  1. Merci Jean-Sébastien ! J’ai attrapé le sommaire qui annonçait le débat à venir (mais n’ai pas pu écouter la suite) et je me suis exclamée tout haut dans ma voiture : « C’est pareil que pour le conte, même combat !! Parce que les contes traditionnels ont traversé les temps et les générations, et qu’ils nous touchent toujours autant….Racontons-les, encore et encore.. »

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