Tenir conte

J’écris des histoires, mais est-ce du conte ?

Ouf ! Mon dernier billet remonte déjà à la mi-avril…  Faut dire que, depuis, j’écris quand même pas mal… Mais j’écris des contes.  Ou du moins, je lis, j’adapte et j’invente des récits auxquels j’espère conférer des éléments proches du conte.  Évidemment, moi qui favorise habituellement les récits traditionnels, ça m’a amené à me poser des tas de questions sur la possibilité ou non d’inventer de nouveaux contes, ce que ça prend pour que ça en soit, etc.

Le fait est que certains projets se sont présentés à moi récemment qui m’ont obligé à creuser davantage du côté de l’écriture.

L’an dernier (ou était-ce avant?), pour lancer une discussion j’avais posé la question au Cercle des conteurs des Cantons de l’est : « Êtes-vous d’accord avec l’adage qui veut que toutes les histoires aient déjà été inventées?  Pourquoi? » [J’ai un sac plein de questions toutes aussi torieuses que je traîne dans nos rencontres, au cas où on manque de sujets… Ce qui n’arrive pas souvent.]

En abordant la création d’un nouveau conte, je me pose encore et toujours cette question.  Si je veux « faire conte » dans mon écriture, je m’aperçois que je cherche les archétypes et les symboles, que je deviens plus attentifs aux chiffres (trois étapes), aux couleurs, aux objets, aux animaux, au « deuxième niveau » de sens – ou est-ce premier? le troisième ? – de chaque élément.  Je simplifie l’action, je multiplie les péripéties, j’évite la psychologisation des personnages…

Mais est-ce que cela fait du conte ?  Du « bon » conte ?  Qu’est-ce qui me dit que ce n’est pas de la mauvaise nouvelle [le jeu de mot est involontaire, je le jure] ?  Du proto-roman ?  De la prose ponctuée ?

Surtout, comment inventer des intrigues qui auront la force et l’efficacité de celles qui ont été polies par des siècles et des siècles de mises en bouche et de partage en oreilles ?  Comment arriver à la cheville de ces contes-là qui vous remuent les atavismes en deux ou trois motifs fondamentaux ?  (J’en ai déjà parlé ici.)

Bref, de chouettes questions, que je lance particulièrement à vous, conteurs de création ? Vous qui écrivez vos histoires, qui avez tellement besoin de passer à l’histoire (la vôtre) que vous en préférez vos propres mots à tous les joyaux narratifs ancestraux… Joyaux que nous avons pourtant la responsabilité de dépoussiérer pour qu’ils continuent à circuler. (Si nous ne le faisons pas, qui alors ?)

[Là, ça va ?  Je vous ai assez asticoté pour pour vous inciter à répondre ?  Sinon, je peux continuer, vous savez. ;-)]

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