5 journées pour se baigner dans 1001 nuits

genie_lampDu 15 au 19 août 2016, j’ai eu l’immense chance de suivre un stage sur les 1001 nuits en compagnie de l’exceptionnel Jihad Darwiche.  Voici comment le propos nous avait été présenté:

« Par leur diversité, les Mille et Une Nuits proposent une palette extrêmement large qui va du conte merveilleux au conte de sagesse en passant par le conte facétieux, le conte fantastique, le récit, la poésie, le proverbe etc.Leur richesse et l’universalité des thèmes qu’elles abordent expliquent leur forte présence, encore aujourd’hui, dans la bouche des conteurs de toute origine et de toute culture.

Les Mille et Une Nuits, c’est aussi un univers spécifique : Ce sont des contes citadins. C’est l’Orient avec ses parfums, ses rythmes et sa musique, sa poésie, sa façon de vivre et de respirer et c’est surtout une parole importante, grave, à la frontière de la vie et de la mort.

Car, Shéhérazade raconte dans l’urgence et la nécessité pour sauver l’humanité d’un roi devenu fou de jalousie et de vanité. Ce cadre va donner un poids spécifique à chaque conte et l’installer dans une stratégie qui vise à l’éducation du roi et à son initiation.»

Donc une belle semaine.  Un très beau groupe aussi. Nous étions installé dans la « Maison bleue » au Domaine Howard à Sherbrooke.  Un lieu magnifique et il a fait beau.

Beaucoup de travail par groupe de deux.  Le plus souvent Jihad contait le matin ou en fin de journée pour nous rappeler l’histoire sur laquelle nous allions travailler.  Quand je dis « travailler », c’était d’imaginer l’histoire d’un autre point de vue, de bien voir les images, de trouver des détails particuliers en se posant des questions sur le pourquoi et le comment, le qui, le quand et le , etc.
Nous avons abordé les toutes premières histoires de ce recueil, qui peut en compter jusqu’à 600 selon les versions…
  • Du lundi au mercredi nous avons travaillé sur le conte cadre: Shéhérazade qui raconte au roi Sharyar pour ne pas mourir.
  • Mercredi et jeudi nous avons travaillé sur « Le marchand et le génie », plus particulièrement sur les histoires secondaires des vieillards (la gazelle, les deux chiens, la mule).
  • Le vendredi, nous avons abordé « Le pêcheur et le génie ».
Jihad racontait, nous donnait des instructions, puis nous laissait aller.  Il était beaucoup là en soutient. Puis il écoutait nos versions et commentait, sur ce qu’il voyait.

À travers ses commentaires, beaucoup de clés sur ce répertoire: l’importance du rôle des femmes, les détails que l’on peut enlever, les considérations sur la vie et la mort, l’importance de prendre son temps, etc.

Et ça a peut être été ma principale révélation: À l’image de notre société, Sharyar « consomme » les maîtresses une après l’autre, s’en débarrassant littéralement le lendemain matin en les faisant exécuter. En racontant à ce roi meurtrier, en s’interrompant pour reprendre plus tard et faire monter chez lui le désir d’entendre la suite, Shéhérazade lui enseigne que l’amour prend du temps.  Développer une relation (avec un amant, avec une histoire, etc.) ne peut se faire en une nuit.  Les 1001 nuits, ce sont l’antidote aux Tinder et aux Quick Storytelling de ce monde.  C’est du « slow storytelling » comme il y existe maintenant du « slow food » en réaction au fast food

Une bien belle semaine à prendre du temps…

Une réflexion sur « 5 journées pour se baigner dans 1001 nuits »

  1. intéressant! je note particulièrement l’expression « contes citadins ». En effet, depuis longtemps, je m’intéresse aux civilisations qui sont urbanisés depuis longtemps. Leurs contes me parlent plus que ceux des civilisations agricoles ou paysannes. Le formateur a-t-il donné plus de précision sur l’impact de ce fait?

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