Êtes-vous « trad » ou « spec »? Quiz bidon pour réfléchir à la variété de nos pratiques

En novembre 2012, le Regroupement du conte au Québec (RCQ) m’a demandé d’animer une discussion autour des recommandations de ce que nous avons appelé entre nous le « rapport Crustin ».  Le conteur Bernard Crustin, qui dispose d’une formation en anthropologie, y constatait notamment la diversité des pratiques ou « créneaux » parmi les conteurs québécois, de la tradition à la spectacularisation.  M’est alors venu l’idée, pour mettre le feu aux poudres et lancer la discussion, de ce petit quiz pas sérieux du tout.  Je vous invite aujourd’hui à l’essayer.

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Bien sûr, les résultats du Super-Quiz-Éclair Top-Tendance seront bidons, non-scientifiques, exagérés, stéréotypés, etc.  J’ai essayé d’être méchant également avec tout le monde.  Le quiz est aussi très planté dans la réalité québécoise. [Lecteurs européens ou africains: voir commentaire ci-dessous]  

Vous l’aurez compris, l’objectif n’est pas vraiment de vous permettre d’identifier votre « profil », mais bien de faire prendre conscience (si ce n’était déjà fait) de la variété de pratiques qui existent dans le milieu du conte au Québec [et ailleurs, je suppose].  Probablement que la majorité des conteurs se situent quelque part plus ou moins au milieu d’un continuum de pratiques…

Le « Rapport Crustin » traite de plusieurs problématiques.  J’ai choisi de mettre l’accent sur ces « créneaux » ou « écoles de pensées » parce qu’ils touchent à l’identité des conteurs, à leurs choix artistiques. C’est donc une thématique susceptible de faire réagir…  Le fait de prendre acte que ces deux courants existent nous permet d’aller au-delà de « c’est-tu du conte? » pour se demander « maintenant qu’il y a toutes ces formes de conte, qu’est-ce qu’on fait avec? »

Est-ce un problème que ces deux tendances soient présentes?   Pas nécessairement; il faut de tout pour faire un monde.  Cela écrit, je crois que ce peut-être un problème pour le public qui peine à s’y retrouver, pour certains diffuseurs qui sont obligés de présenter de tout et même pour certains conteurs qui ne se retrouvent pas toujours dans ce qu’ils voient et que d’autres appellent du conte.

4 réflexions sur « Êtes-vous « trad » ou « spec »? Quiz bidon pour réfléchir à la variété de nos pratiques »

  1. Pour les lecteurs européens ou africains, la Cinquième salle de la Place des arts est un petit auditorium de 417 places situé à l’intérieur d’un des complexes de spectacles les plus prestigieux de la province. Les immenses Plaines d’Abraham à Québec se remplissent de 90 000 spectateurs à l’occasion de la St-Jean-Baptiste, fête nationale des Québecois, célébrée en plein air tous les 24 juin. Un « CHSLD » est un Centre hospitalier de soins de longue durée (i.e., un hospice pour personnes âgées en jargon technocratique). 75 $ canadiens correspondent à 50 euros, 150 $ canadiens équivalent environ à 100 euros (98 euros pour être précis), tandis que 250 $ font 165 euros.

  2. Merci pour cette contribution qui n’est bidon qu’en apparence.
    Elle a le mérite de poser des questions qui fâchent car tabous.
    Je n’ai pas les réponses, mais j’aime me poser ces questions pour la « lisibilité » et la place accordée au conte dans la société et aussi pour aider le public a s’y retrouver.

    Jack

  3. ça faisait longtemps que je ne m’étais pas si bien amusée, tiens. ça c’est un pavé dans la mare qu’il est beau, oui monsieur !!! ça me rappelle les horoscopes bidons que j’écrivais pour le journal du lycée… C’est très sérieusement déjanté et très gentiment cinglant. Délicieux. J’adore !

  4. Article bien intéressant, car il entre pile poil dans mes interrogations du moment. Il me semble que l’art du conte souffre, paradoxalement, d’être (enfin ?) sorti de son cocon. Les conteurs aujourd’hui sont nombreux, et les définitions trop exigües datant du renouveau du conte (je suis Français, je parle du point de vue français, mais je suppose que ça reste vrai aussi pour le Québec) me semblent obsolètes. Il me semble qu’il n’y a pas un art du conte, mais plusieurs. Plusieurs pratiques, plusieurs types de récits, pour plusieurs types de publics, mais un seul mot pour le dire : « conteur ».

    Tous les débats « c’est du conte ? c’est pas du conte ? « , toutes les interrogations autour du thème « le public ne sait pas vraiment ce que c’est que le conte » viennent de là, à mon avis. S’il n’y avait qu’un mot pour parler de musique, probablement que les fans de Robert Charlebois (je suis sympa hein j’ai pris un Québécois 😉 ) diraient « Coltrane ? Mais c’est pas de la musique ça ! » ; mais comme on a des mots bien différents pour parler des différents genres musicaux, on peut juste répondre « ah oui, c’est du jazz ça, moi j’aime pas trop le jazz ». Et organiser des festivals de jazz, des soirées jazz, etc. Et le public n’est alors pas frustré, car ça correspond bien à ce qu’il s’attendait à voir. Alors que, si j’organise un « festival de musique » et que j’enchaîne une première partie « messe de Bach » suivie d’une battle hip hop, je vais avoir du mal à trouver mon public. Pourtant, ça se fait souvent dans le conte, avec des résultats plus ou moins convaincants (plutôt moins).

    Trouver des sous-catégories, des genres dans un champ artistique, c’est possible avec la musique, c’est possible avec l’humour (sketch, stand-up, clown et que sais-je encore sont des genres bien identifiés, avec leurs propres codes, lieux et publics), c’est possible avec la magie (prestidigitation, mentalisme, ventriloquie, etc.), ça doit bien être possible avec le conte.

    On n’a pas encore de mots pour décrire toutes les variations de notre art ; sacré paradoxe pour des conteurs ! Allez, à la limite on a « conte trad » comme tu le mets dans le titre de ce message, et ça, tout le monde voit bien à quoi ça correspond. Mais « spec », c’est trop vague, ça veut juste dire « pas trad ». Un jour, il va bien falloir enfin prendre acte de cette diversité et organiser des « festivals de conte trad », des « formations au récit de vie », ouvrir des « théâtres associatifs de narration humoristique », des « ateliers d’oralisation de récits de science-fiction » ou que sais-je encore.

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