La scatturlute de Michel Faubert et Karen Young (ou Le mariage anglais)

faubert_youngBonheur le vendredi 17 mai dernier de réentendre le spectacle a capella Le mariage anglais de Michel Faubert et Karen Young.  Je l’avais découvert une première fois en 1995 au Marché Maisonneuve à Montréal et j’en avais gardé une impression très nette jusqu’à m’en rappeler des années plus tard…

Il y a des moments de grâce dans la rencontre de ces deux-là…  Quand Faubert se met à turluter, ce qui créé une ligne de basse sur laquelle Young peut se mettre à chanter « scat ».  Avec le magnifique clin d’oeil de Faubert qui demande à la grande dame: « Connais-tu ça le jazz, toi?  Il me semble que ça t’irait bien… »  Et l’on s’émerveille de la parenté de ces deux modes d’improvisation vocale, soudainement rapprochés.

La chanson titre du spectacle donne lieu a un savoureux chassé-croisé, alors que Faubert chante le méchant anglais qui enlève la princesse française et que Young termine chacune de ses strophes d’un « Maudit anglais-ais! » bien senti, accent de Shakespeare en prime. À deux ou trois reprises pendant le spectacle, ils vont nous servir des complaintes dont il existe des versions anglaise et française de la même chanson.  Les parentés et les différences culturelles entre les textes rendent ces épousailles particulièrement riches.

Si Faubert nous ressort quelques contes datant du Passeur et des chansons traditionnelles qu’il fait moins souvent, ce sont les trouvailles de Young – soutenues par la fabuleuse voix nasale et traînante de Faubert – qui me manquent le plus.  Elle est allée ressortir des vieux airs anglais et écossais, parfois repris par des groupes des années 70 qui manquaient à ma (contre-)culture…

Par ailleurs, je continue à préférer – oh sacrilège! – la version du « Galant noyé » de Faubert-Young à celle des Charbonniers de l’enfer.

J’en profite pour clamer publiquement une fois de plus combien il est étrange, injuste, frustrant, voire imprudent, que ce spectacle (ou du moins quelques chansons de ce spectacle) n’ait pas encore été endisqué.  Il y a bien « La vieillesse » sur l’album La fin du monde (pièce 8) en 2006 et « La belle est en prison d’amour » du répertoire d’Alvina Saint-Pierre sur une compilation d’extraits du Festival international des arts traditionnels (FIAT) de Québec (disque 1, pièce 8) [ici, il vaut la peine de comparer la complainte avec la très rythmée « Le berger » endisqué par Le vent du nord sur l’album Dans les airs; autre version, autre chanson].  Autrement, impossible d’amener chez soi ces merveilleuses harmonies vocales, et ce malgré le fait que ces deux artistes se croisent et se recroisent depuis près d’une vingtaine d’années.

En 2004, j’avais écrit à la Compagnie Larivée Cabot Champagne derrière les disques La Tribu pour m’émouvoir de ce manque… Marie-Christine Champagne m’avait alors très gentiment répondu: « Vous avez bien raison, le spectacle Mariage anglais avec Karen Young et Michel Faubert est tout simplement extraordinaire. Malheureusement il n’existe pas d’enregistrement. Que faire? Je vais en parler avec Faubert et il reste l’espoir qu’un jour les deux artistes se retrouveront sur scène ou en studio. »  Déjà la réponse était inespérée, mais quelques semaines plus tard elle m’avait en plus fait parvenir un lien pour découvrir la compilation du FIAT que j’ai mentionné plus haut.

Bon, maintenant que c’est fait et que le monsieur et la dame collaborent de nouveau ensemble, on pourrait procéder?  Je sais qu’ils sont fort occupés, mais une captation publique ou deux?  Je ne demande pas grand chose, mais un disque sous le sapin pour 2014 ne serait pas de refus… ;-p

Une réflexion sur « La scatturlute de Michel Faubert et Karen Young (ou Le mariage anglais) »

  1. Et si on faisait une pétition pour ceux qui veulent acheter le disque (avant l’enregistrement)? Ça encouragerait peut-être la compagnie de disque à «endisquer» ce spectacle, non?

    Je n’ai jamais eu la chance de l’entendre, mais tu en parles avec tellement d’enthousiasme que je suis persuadée que c’est génial…

    🙂

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