En filant sur la Toile

Quelques découvertes Web (plus et moins) récentes qui valent la peine d’être partagées, bien qu’il ne s’agisse pas a priori de nouveautés (i.e. celles et ceux qui suivent l’actualité du conte sont probablement déjà au courant, mais pour les autres…):

  • Le site de l’Association professionnelle des artistes conteurs (APAC), nouveau regroupement de conteurs français qui effectue un travail de réflexion intéressant. La conteuse Alice Duffaud (commentatrice régulière de ce blogue) m’en avait parlé en septembre dernier, mais je ne l’avais regardé qu’en diagonal à l’époque (désolé, Alice!).  Comme il en a été plusieurs fois question lors de rencontres de réflexion récentes et du colloque du Regroupement du conte au Québec (RCQ), j’ai pris le temps de le visiter plus en détail.Il faut notamment consulter leur définition de l’art du conteur dont les divers éléments qui la composent (filiation, répertoire, mise en oeuvre, représentation) donnent à réfléchir et ne pourront qu’alimenter les discussions dans le milieu.À noter aussi, le fait que l’association soit réservée aux conteurs professionnels (pas de diffuseurs ou d’« amis du conte » comme le RCQ).  Leur définition de « conteur professionnel », soit « le fait de gagner la majorité de ses revenus par le conte et activités apparentées », a le mérite d’être claire.  Selon ce critère, une APAC québécoise aurait donc peu de membres…  Voilà qui repose toute la question de la professionnalisation des conteurs et des conditions économiques de leur pratique ici et ailleurs.

    Un site important donc.  On ne peut que regretter – même si l’on comprend – que davantage de leur matériel ne soit pas (encore?) rendu public.  À suivre.

  • Le jardin d’Hinden, blogue du conteur, chanteur et formateur Michel Hindenoch.  L’influence de Hindenoch sur ma vision du conte est importante (voir notamment ceci), aussi ai-je été ravi de trouver d’autres textes de sa plume.  Il s’agit essentiellement de poésies et de réflexions – souvent touchantes! – sur la vie et l’art.  Cela écrit, la section « Gloses » regroupe quelques textes importants de son cru (qui datent des années 1980 et 1990 cependant).
  • De même, le conteur torontois Dan Yashinsky dont j’ai parlé à diverses reprises (ici et ici) anime The Tellery.  Il s’agit d’un site auto-promotionnel qui compte néanmoins certains éléments réflexifs et plusieurs contes (voir notamment la section « Downloads/Videos », incluant une conférence donnée par Yashinsky en souvenir de Joan Bodger et qui reprend une partie de la conclusion de Suddenly, They Heard Footsteps).  Il inclut aussi un espace de blogue.  Comme celui d’Hindenoch, il n’est mis à jour qu’occasionnellement mais les valeurs et les choix artistiques de Yashinsky traversent ses billets.  La lecture en vaut donc souvent la peine.
  • De même, pour les chercheurs d’histoires (qui lisent la langue de Shakespeare), les recensions très complètes du professeur retraité D.L. Ashliman (classées par thèmes, pays d’origine ou cote Aarne-Thompson!) ou l’archive nouvelle-âgeuse Sacred Texts (merci Éric Gauthier!), surtout la section sur les légendes et sagas.
  • En terminant, et parce que je ne peux m’en empêcher, ceux qui n’auraient pas encore découvert le magnifique site d’Apple-paille, notamment la section consacrée aux formulettes de conteurs, courrez-y!

Et vous, avez-vous des « adresses conte » à partager?

    3 réflexions sur « En filant sur la Toile »

    1. Salut bien !

      Super, le site d’Apple-Paille ! je connaissais la compagnie (j’ai rencontré deux de ses membres il y a une petite éternité), mais je n’étais plus allée sur leur site depuis des années. Quelle richesse ! Jubilatoire.
      Merci Jean-Sébastien !

      le bonjour à tutti la familia et à bientôt !

      Alice

    2. Bonjour,

      Merci pour cette liste de liens très intéressante.

      Pour la définition du conteur pro tirée du site éponyme, j’ai quand même un peu de mal. Beaucoup de conteurs ont un métier « alimentaire » à côté de leur activité artistique, elle aussi rémunérée. Ce ne sont donc de toute évidence pas des amateurs, mais apparemment pas des professionnels non plus, alors que sont-ils ? Et puisqu’on ne peut manifestement pas avoir plusieurs professions, quelqu’un comme Michel Faubert, par exemple, c’est un conteur pro ou un chanteur pro ?

      Bref, c’est une démarche qui vise à exclure plutôt qu’à rassembler et pour qui le critère d’appartenance est administratif plutôt qu’artistique. Pourquoi pas, après tout, mais je ne suis pas sûr que le milieu du conte, encore fragile et manquant de visibilité, ait vraiment à y gagner. Je préférerais voir en France un regroupement de conteurs amateurs, semi-pros et pros réfléchissant ensemble à la pratique, à l’évolution à la définition et aux marges de leur art .

      1. Bonsoir Fabien,
        je me permet de donner mon point de vue de française sur ton commentaire… Que j’ai trouvé intéressant !

        Une définition, c’est forcément un peu réducteur; ici, celle de conteur « professionnel », s’attachant uniquement à ceux et celles capables de gagner leur vie avec leur art, peut paraître effectivement imparfaite.
        Mais il faut tout d’abord la remettre dans son contexte géographique: En l’occurrence, les artistes du spectacle français sont (à ma connaissance) parmi les seuls , sinon les seuls au monde, à bénéficier du statut très spécial d’intermittent du spectacle, qui leur permet de cotiser sur leurs cachets pour avoir des congés payés et des temps de création payés.
        (Pour combien de temps encore, c’est une autre paire de manches. Et pour ce qui est de l’obtenir, la paperasserie administrative française étant ce qu’elle est (un monstre étouffeur de type rouleau compresseur), et la politique culturelle du même nom partant au diable vitesse « grand V », c’est encore un autre genre de défi. )

        Mais enfin pour l’instant ça existe, et c’est ce qui permet à tout un tas d’artistes (pas tous, loin de là) d’exister sans devoir faire un travail alimentaire en plus de leur travail artistique.
        D’où, la définition (qui reste tout de même assez ouverte) de gagner « la majeure partie de ses revenus » – et absolument pas la totalité- par le biais de son art « et activités apparentées » (c’est quand même très très large !), pour être étiqueté « professionnel ».

        Étiquette qui n’est absolument pas un jugement de valeur, mais qui donne seulement droit à l’adhésion au regroupement. De plus, en relisant bien le texte, il est aussi écrit que si l’on ne remplit pas cette condition, on peut tout de même demander à adhérer et que cela sera examiné, notamment au vu d’une ancienneté minimum dans l’activité de conteur (trois ans). Ladite adhésion permettant de participer aux regroupements, travaux de réflexion divers et ateliers communs.
        La définition de conteur, quant à elle, englobe tous les conteurs, quelle que soit leur degré de pratique, et ça, c’est vraiment bien ! Elle a tout de même été pensée pour être la plus simple et la plus juste possible, même si elle reste affinable, comme le précise le site !
        D’accord pour dire qu’un regroupement encore plus large, serait encore mieux et encore plus juste. Bon. Celui-ci a au moins le mérite d’exister et d’être -j’imagine- pour l’instant, à peu près facile à gérer… En tout cas, je ne vois pas de réelle volonté d’exclusion dans cette définition; même si l’élitisme est un virus répandu par ici, d’accord…

        Maintenant, je me pose depuis longtemps la même question: est-il réellement nécessaire d’être étiqueté « amateur », « pro », ou « semi-pro », pour se sentir conteur, pour être conteur ? Je ne sais pas. Suivant cette définition, je serai semi-pro ou amateur (je précise que je ne suis pas inscrite à ce regroupement, même s’il m’intéresse). Suivant ma pratique, je serai (jeune) pro; il faut dire que je fais pas mal de bénévolat… Et je vais souffler ma douzième bougie de conteuse l’an prochain. Plus du tiers de mon âge, ça n’est pas tout à fait du vent dans les branches d’un chêne !
        Pour autant, dussè-je ne jamais « décoller » niveau carrière, je me sentirai toujours conteuse en premier. ça fait partie de moi depuis vraiment longtemps, depuis l’enfance… Même si je ne rentre jamais dans un tel regroupement, je trouve cela très positif, d’autant que celui-ci a été lancé à l’instigation de jeunes artistes sacrément motivés, ayant envie de renouveau. et puis, c’est tout neuf ! Alors attendons de voir ce qui va en sortir…
        (Et pour finir, même si le milieu du conte a un évident besoin de soutien et de reconnaissance, je ne pense pas qu’il soit si fragile que cela: il existe depuis quelques milliers d’années, et la preuve de sa force, c’est que sommes là, nous, les conteurs du XXIe siècle ! )
        Voilà ! À bientôt !

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