Ni elle ni lui

Elle (parfois ce sont des « lui », mais je rencontre plus souvent des « elle »).

Elle m’a probablement abordé après un spectacle ou un atelier.  Elle était très gentille et enthousiaste.  Elle s’est mise à me dire que mes histoires l’avaient touchée, ce qui est toujours agréable.  Elle m’a expliqué combien les contes étaient importants dans sa vie, qu’ils portaient des sagesses anciennes.  Difficile de ne pas être d’accord, mais le malaise s’est immiscé doucement dans la conversation…  Ma gorge s’est serrée.  J’ai senti un frisson désagréable me parcourir l’échine. Continuer la lecture de « Ni elle ni lui »

Et pendant que je ne bloguais pas… (vidéo)

Dans le cadre du projet de recherche « Des avant-textes au spectacle / recueil de contes : étude des processus créateurs de trois conteurs contemporains québécois » (FIR, UQAR), on interroge une conteuse (Marie Lupien-Durocher) et un conteur (Éric Gauthier) d’aujourd’hui pour connaître la manière dont ils choisissent leurs histoires, les apprennent et se les approprient jusqu’à se préparer à les livrer en spectacle.

Chercheure principale: Camille Deslauriers
Assistante de recherche: Marise Belletête
Scénario, production, animation: Jean-Sébastien Dubé
Caméra, réalisation, montage: Patrick Gélinas

©Copyright Université du Québec à Rimouski (UQAR) 2016

Êtes-vous « trad » ou « spec »? Quiz bidon pour réfléchir à la variété de nos pratiques

En novembre 2012, le Regroupement du conte au Québec (RCQ) m’a demandé d’animer une discussion autour des recommandations de ce que nous avons appelé entre nous le « rapport Crustin ».  Le conteur Bernard Crustin, qui dispose d’une formation en anthropologie, y constatait notamment la diversité des pratiques ou « créneaux » parmi les conteurs québécois, de la tradition à la spectacularisation.  M’est alors venu l’idée, pour mettre le feu aux poudres et lancer la discussion, de ce petit quiz pas sérieux du tout.  Je vous invite aujourd’hui à l’essayer.

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Des réflexions dans la bonne direction

Le conteur Marc-André Fortin me signale cette journée de réflexion de l’APAC (Association professionnelle des artistes conteurs) en France qui aura lieu le 6 mai prochain autour de la question de l’évaluation des pratiques.  Elle complète un cycle de trois rencontres sur l’exigence artistique.  Les questions posées par les organisateurs nous concernent tous, me semble-t-il: Continuer la lecture de « Des réflexions dans la bonne direction »

À la pêche au poisson doré (2): comparer des versions

Soyons honnête: je ne suis pas aussi systématique avec l’étude de tous les nouveaux contes que j’apprends.  Quand on a que deux ou trois versions, on arrive à faire des comparaisons dans sa tête.  Toutefois, lorsque l’on doit en manipuler six ou plus… c’est une autre histoire. Continuer la lecture de « À la pêche au poisson doré (2): comparer des versions »

À la pêche au poisson doré (1): trouver le conte

Nouvelle série de billets où je veux prendre conscience de la manière dont je m’approprie une histoire pour la conter, de la recherche du récit à la mise en scène en passant par toutes les étapes intermédiaires (mise en contexte, en sens, en images, en canevas, en mémoire, en corps, en gestes, en bouche, en voix).

Prendre conscience de ce processus, soit, mais aussi le rendre public pour l’interroger collectivement.  Je partage comment je fais, mais je veux savoir comment vous faites. Est-ce que j’oublie quelque chose?  Est-ce que j’en fais trop?  Qu’est-ce qui marche pour vous?

pecheur_et_femmeUn prétexte: l’apprentissage de « La femme du pêcheur« , conte traditionnel dont la structure est assez simple.  Vous savez, le pêcheur qui remet un poisson à l’eau et obtient des voeux en échange, mais dont l’épouse veut toujours davantage…  Mais je vais trop vite… Continuer la lecture de « À la pêche au poisson doré (1): trouver le conte »

Il faut des fondamentaux (stage avec Christine Andrien)

Je n’ai pas blogué depuis un moment parce que deux formations suivies coup sur coup m’ont donné à réfléchir: la première sur L’oralité du conte avec Christine Andrien de L’école internationale du conte de Bruxelles (19 au 21 avril 2013), la seconde sur Conte, livre et petite enfance avec Françoise Diep (3 au 5 mai 2013, sujet de mon prochain billet).

La rencontre avec Christine aura été un véritable coup de coeur professionnel. Non seulement est-elle une redoutable animatrice de groupe (nous étions une douzaine de participants et ça n’a pas causé de retards ou de frustrations!), dotée d’un sens de l’humour décapant, d’un rare esprit d’organisation et d’une grande rigueur dans le plaisir, c’est aussi une fabuleuse pédagogue.  Elle sait simplifier, reformuler, chercher l’expression qui fait image pour que les stagiaires saisissent.  À force de jouer à la maîtresse d’école (à l’instit, dirait-elle), on finit par y croire quand elle s’écrie « Gommette! » (un collant dans notre cahier, dirait-on au Québec) pour souligner un succès ou quand elle nous fait répéter à l’unisson que le public, il est « MALIN! » (pour nous rappeler qu’on n’a pas besoin de tout expliquer). Mais avec le panache de l’auto-dérision, elle ne nous laisse jamais oublier que c’est « pour faire comme si… », « on dirait que… »  On est là pour apprendre en s’amusant, à mille lieux d’un cours ennuyant. Continuer la lecture de « Il faut des fondamentaux (stage avec Christine Andrien) »

Textes Festival 2012 (4) : Prière pour Petronella

[Le 16 octobre dernier, nous avons été plusieurs à rendre hommage à Petronella Van Dijk, ma fée-marraine, qui a porté le Festival à bout de bras pendant vingt ans. Quand on m’a approché pour que je rédige quelque chose à son attention, comment aurais-je pu refuser?  Si elle n’avait été là, je ne conterais pas.  Je m’étais déjà essayé au pastiche…  Il m’a semblé que c’était une belle occasion de récidiver.]

Mes bien chers frères et sœurs, si notre jubilaire d’aujourd’hui était moins humble et plus pieuse, elle nous aurait sans doute déjà enseigné la prière suivante… dont je vous demanderais de répéter le dernier vers de chaque strophe.  Vous n’êtes pas obligés de vous agenouiller. Continuer la lecture de « Textes Festival 2012 (4) : Prière pour Petronella »

Textes Festival 2012 (3) : le Cercle des conteurs des Cantons de l’est

[Ce texte est en fait la reprise et l’adaptation d’une contribution au numéro d’octobre-novembre 2009 du Bulletin du RCQ.  Dans le cadre du Festival, il visait à présenter le Cercle des conteurs des Cantons de l’est en lien avec les archives de l’évènement.  Le reprendre ici est un peu une façon de souligner l’importance que le Cercle – que j’ai contribué à fonder – a eu et continue d’avoir dans ma pratique.

Né en 2003 du besoin de casser des contes et d’expérimenter avec filet , le Cercle des conteurs des Cantons de l’Est se réunit tous les premiers mardis du mois. Généralement, une période où sont échangées des nouvelles est suivie d’un temps où ceux qui le souhaitent peuvent raconter et recevoir des commentaires de leurs pairs.  Cette rétroaction amicale leur permet de peaufiner leurs histoires avant d’affronter le « vrai » public.

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Préparer ses contes : les bonheurs de l’immersion

Une fois le conte choisi, avant de l’amener à la scène, la conteuse ou le conteur passe du temps avec son histoire.  S’il s’agit d’abord d’un exercice de mémorisation, c’est souvent beaucoup plus.

Quelle différence entre apprendre une histoire par coeur et l’incarner jusqu’à la connaître « par corps » ? Entre retenir les péripéties dans le bon ordre séquentiel et maîtriser complètement une trame narrative jusqu’à saisir la pertinence du moindre détail sur la signification profonde du récit ?  Et est-ce vraiment nécessaire pour bien conter? Continuer la lecture de « Préparer ses contes : les bonheurs de l’immersion »