Transfuges de l’humour: intéressants pour les conteurs?

Article intéressant paru dans La Presse ce week-end en marge du Gala des Oliviers.  La journaliste Chantal Guy a eu la bonne idée d’interviewé trois comédiens (Valérie Blais, Emmanuel Bilodeau et Fabien Cloutier) qui fréquentent désormais les scènes du milieu de l’humour.  Il me semble que pour nous conteuses et conteurs qui avons un rapport inconfortable avec l’humour, qui rêvons (ou cauchemardons, c’est selon) d’une École de conte et qui cherchons notre place souvent entre la tradition théâtrale et la machine du rire, il a matière à réflexion.

Quelques extraits qui m’ont frappé:

«J’ai déjà été un puriste du théâtre. Je me suis rendu compte que tout ce que je connaissais de l’humour venait de la télé. C’est au Zoofest que je suis allé dans les petites salles et que j’ai vu qu’il se passait quelque chose qui m’interpellait.» (Fabien Cloutier)

[C’est donc qu’il existe des scènes alternatives d’humour qui pourraient être plus intéressantes que l’humour commercial…]

«Les humoristes ont un pouvoir énorme, et j’avais envie d’avoir ce pouvoir-là» « La vie de comédien n’est pas «si excitante que ça». »  «Tu es au top de ta forme et de ton expérience et tu tournes 23 jours par année. J’ai beaucoup plus à donner!» (Emmanuel Bilodeau)

[Je pense que les conteuses et les conteurs professionnels peuvent sympathiser…]

 «L’écriture, c’est personnel. L’humour est personnel. Oui, il y a une École de l’humour pour apprendre les grands principes, et c’est bon de les connaître, mais c’est aussi bon de s’en éloigner. Quelqu’un qui essaie d’être drôle juste avec les codes humoristiques établis, eh bien, il lui manque peut-être un petit quelque chose.» (Emmanuel Bilodeau)

«Oui, l’École nationale de l’humour forme de grands humoristes, mais on voit des fois la recette. C’est comme pour l’École nationale de théâtre. Il y a une espèce de magie au fait d’être capable d’être sur scène et de créer un contact qui a l’air simple et vrai avec les gens. Il y a des acteurs qui sont incapables de monter sur scène et de parler au monde. Il y a des gens qui veulent être drôles, qui connaissent les mécanismes, mais qui n’ont pas cette chose essentielle, cette magie, pour être sur scène.» (Fabien Cloutier)

[On connait les risques d’une école.  Il faut aller de l’avant avec ce projet-là, mais les yeux ouverts…]

L’humour m’a appris… «Comment aller à la rencontre des gens. Briser le quatrième mur. Ça m’a donné beaucoup de liberté, l’espace pour être moi-même, complètement.» « …Prendre la parole est une façon merveilleuse de prendre le volant. Un autre grand bonheur pour moi a été de sentir qu’il n’y avait pas de limite d’âge, de demande physique. Les gens m’aimaient comme j’étais, gratuitement! Il n’y avait plus de barrières, et ça m’a énormément calmée dans la vie.» (Valérie Blais)

«Je me suis rendu compte que l’humour a fait de moi un meilleur acteur. Je suis plus responsable, plus conscient et j’assume plus ce que je suis. Avant, j’étais plus timide, je proposais moins… Ce qui est dangereux, c’est que ça te donne moins le goût de te faire diriger!» (Emmanuel Bilodeau)

«S’il y a encore un snobisme des acteurs envers les humoristes, ou un snobisme des humoristes envers les acteurs, il est mal placé, parce que ce sont deux métiers difficiles», «Mais je pense qu’il y a eu des débats, des prises de conscience et que le milieu se décloisonne. Je trouve que c’est encore cette idée de monter sur scène qui est le test ultime, c’est de se confronter au public. Moi, c’est complètement pour ça que je fais mon métier.» (Fabien Cloutier)

[Y’a quand même des parallèles avec les raisons qui nous amènent sur scène comme conteurs, non?]

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